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François Fillon rappelle la force du coureur de fond face au sprint présidentiel permanent

Publié le 20 janvier 2008 par Exprimeo
François Fillon s'impose comme le pôle de stabilité de l'exécutif. La consécration pour une stratégie définie de longue date par le Premier Ministre. François Fillon devait rapidement retrouver un espace de communication car il a veillé à offrir une alternative à l'omniprésence présidentielle bientôt contrainte à une révision de ses méthodes de communication. Nicolas Sarkozy s'est exposé à une indispensable modification de sa communication car celle-ci devient désormais tellement déchiffrée et désordonnée qu'elle subit un effet boomerang préjudiciable. A l'opposé de cette situation François Fillon a ménagé 4 espaces de respiration : 1ère différence : l'affirmation du principe de réalité. Nicolas Sarkozy base sa communication sur le principe de la volonté. Son Premier Ministre a placé au premier plan celui de la réalité dont la réalité des comptes. Ce principe présente l'immense mérite de pouvoir identifier immédiatement ce qui est possible et ce qui ne l'est plus ou pas. 2ème différence : incarner les gens ordinaires et pas principalement les "success stories". Nicolas Sarkozy incarne désormais d'abord les "gens de pouvoir" : économique, médiatique, industriel… François Fillon est resté loin de cet univers. Il est désormais la caution populaire du parti présidentiel. 3ème différence : incarner la synthèse des droites républicaines : Depuis 2004, Nicolas Sarkozy a atteint une position emblématique. Le débat politique français s'est organisé par et autour de lui avec l'affirmation de valeurs libérales et atlantistes à un point sans précédent de la part d'un membre d'une formation gaulliste. François Fillon est toujours resté en retrait ce qui est d'ailleurs cohérent avec son parcours longtemps marqué par une réelle proximité avec Philippe Seguin. François Fillon a aujourd'hui une position de synthèse qui n'est plus celle du profil présidentiel. 4ème différence : un autre tempérament. Pour partie, la présidentielle 2007 a été à l'exemple de celle 1974. En 1974, la maladie du Président Pompidou avait créé une aspiration en faveur d'un Président jeune et dynamique. La fin de mandat du Président Chirac a été dominée par un enjeu d'image sur "la génération du capitaine". 40 ans de pouvoir avaient été perçus comme ayant cassé toute faculté de modernité. La lecture de la presse étrangère grouillait de références assassines notamment dans les comparaisons entre J. Chirac et T. Blair. Au cours des dernières années, un élément majeur était apparu. Les Français considéraient qu'ils recelaient une énergie qui n'était pas canalisée par la représentation politique. Comme hier en 1974, Valéry Giscard d'Estaing avait été le plus manifeste à canaliser ce besoin de changement, y compris de génération ; Nicolas Sarkozy a capté en 2007 cette attente de l'opinion et a changé une partie importante de l'enjeu de la campagne. Seulement, le second semestre 2007 n'a pas été le semestre du réveil mais celui de l'entrée dans la crise : crise économique internationale, crise du pouvoir d'achat intérieur et probablement crise de l'emploi lors du premier semestre 2008. Le commerce est actuellement très affecté par plusieurs mois de chute de la consommation. Le Président d'un pays en crise ne peut pas communiquer comme le Président d'un pays en pleine croissance. Ce n'est pas le même contenu de discours et encore moins la même tonalité. Le temps de s'adapter, Nicolas Sarkozy devrait laisser un espace politique nouveau à son Premier Ministre. La dyarchie de la Vème République vient de trouver une nouvelle utilité sans précédent.

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