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La Tunisie ouvre la série des chutes de régime

Publié le 17 janvier 2011 par Laurentarturduplessis

La chute soudaine de Zine el-Abidine Ben Ali a réjoui la majorité de médias occidentaux. Ils saluent « la révolution de Jasmin », comme ils avaient applaudi celle de 1979 ayant destitué le shah d’Iran. Ils célèbrent la chute d’un despote et ce qu’ils croient être l’avènement de la démocratie.
Ils ne voient pas que la disparition de ces régimes ouvre la boîte de Pandore de l’islamisme. Celui des mollahs est engagé dans une course à l’armement nucléaire susceptible de déclencher une émulation dans tout le Moyen-Orient. La chute de Saddam Hussein, consécutive à la guerre de 2003, a ouvert un boulevard aux partis islamistes. Aussi la laïcité a-t-elle fortement reculé en Irak, où les chrétiens sont persécutés.
La disparition soudaine du régime Ben Ali intervient dans le contexte de la crise économique mondiale, dont elle est une conséquence. L’augmentation des prix alimentaires (surtout le sucre et les oléagineux) a déclenché les émeutes. Cette inflation résulte en grande partie de la formation de bulles spéculatives sur les matières premières. Avec un fort impact sur une population dont 40,8% a moins de 25 ans et qui ploie sous un chômage à 14,7%. Vu le trend haussier du blé, il faut s’attendre à une aggravation de la crise alimentaire : la farine est vitale.
Voici ce petit pays de 10,5 millions d’habitants, jusques-là considéré comme un oasis de stabilité par les investisseurs et touristes étrangers, plongé dans le chaos, malgré les progrès économiques des dernières décennies. De quoi faire fuir les uns et les autres…
Dans un climat de reprise mondiale flageolante hypothéquée notamment par le surendettement de nombreux États, l’économie tunisienne est vouée à aller de dégringolade en dégringolade : une aubaine pour les islamistes.
Déjà, Rached Ghannouchi, chef en exil du parti islamiste Ennahda (qui avait remporté 22% des suffrages aux élections de 1989 et avait été interdit) annonce son retour au pays. La désorganisation des forces politiques en présence ne peut que favoriser l’essor des islamistes. Une surenchère entre eux est à prévoir.
Toujours à cause du prix des denrées alimentaires, l’Algérie est, elle aussi, en proie aux troubles, malgré sa rente pétrolière. Les moins de 25 ans constituent 45,6% de sa population, qui est de 35,5 millions d’habitants. L’affrontement des années 90 avec les islamistes avait fait de 100 000 à 200 000 morts. À partir de la Tunisie, un effet domino ne saurait manquer de s’exercer sur l’Algérie. Et sur l’Égypte, peut-être à la faveur de la succession du vieux président Moubarak.
Plus largement, de nombreux pays arabes, comme le Maroc ou la Jordanie, seront atteints par la vague du fondamentalisme islamique, sur fond de chômage, de trop plein démographique et de pauvreté galopante. Ce sera les moissons islamiques de la crise économique. Il faudrait une puissante reprise économique mondiale pour enrayer ce processus. Elle n’est pas en vue, loin de là.



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