Pierre Duhamel est journaliste depuis plus de 30 ans. Il observe de près et commente l’actualité économique québécoise depuis 1986. Il possède son blogue et écrit également sur le site de L’actualité. C’est avec son autorisation que nous reprenons son billet qui a été initialement publié sur L’actualité.
« I love Apple so much and hope to be back as soon as I can. In the meantime, my family and I would deeply appreciate respect for our privacy. »
La nouvelle est tombée ce matin et elle a eu l’effet d’une bombe à la Bourse de Francfort où le titre d’Apple a perdu 6 % de sa valeur. On verra demain la réaction des marchés américains, fermés aujourd’hui en raison de la fête de Martin Luther King.
Or, c’est demain que Apple divulguera ses résultats trimestriels et on s’attend à une spectaculaire augmentation de 50 % de ses ventes depuis un an. La baisse du titre devrait être limitée en raison de ces formidables résultats. Ce sera aussi un bon moment pour faire valoir aux analystes et journalistes que Apple, c’est d’abord une solide équipe et que Tim Cook est pleinement habilité à assurer un troisième intérim.
Cela dit, peu d’entreprises au monde sont à ce point associées à leur PDG. Qui d’entre nous seraient capables de nommer spontanément les patrons d’Intel, d’Exxon, de H-P, du CN ou même de Microsoft (non, ce n’est pas Bill Gates). Mais Steve Jobs, tout le monde connaît. C’est le génie-tyran (trois-quart génie, un quart tyran ?) qui est à l’origine de certaines des inventions les plus marquantes de l’informatique personnelle. Le PC (Apple II), le Mac, le iPod, le iPhone et le iPad, c’est lui, en grande partie. Peu de gens ont autant marqué l’économie et la société depuis une trentaine d’années.
Steve Jobs est Apple, la deuxième société au monde au chapitre de sa valeur boursière. Il a créé l’entreprise, a été éjecté de sa direction, et est revenu en sauveur 12 années plus tard pour lui donner l’élan qui en fera la première société technologique au monde. Il a été choisi l’an dernier le meilleur PDG au monde par le Harvard Business Review.
Steve Jobs a survécu en 2004 à un cancer du pancréas. Cela tient déjà presque du miracle. Il y a deux ans, il s’absentait pour subir une greffe du foie, ce qui n’est pas banal non plus. Cet historique a en soi de quoi semer l’inquiétude, surtout après l’annonce ce matin d’une absence indéterminée.
En 2009, Steve Jobs prenait la peine de signifier qu’il s’absentait pour quelques mois. Cela avait quelque chose de rassurant. Ce matin, Steve Jobs souligne son amour pour Apple et dit souhaiter revenir le plus tôt possible. Il dit aussi souhaiter qu’on respecte sa vie privée et celle de sa famille au cours de la période à venir.
Personnellement, je ne trouve pas ce communiqué d’un très grand optimisme, malgré l’annonce qu’il reste PDG de l’entreprise.