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Quand DSK et d'autres vantaient le modèle économique tunisien...

Publié le 18 janvier 2011 par Raphael57

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Le régime dictatorial de Ben Ali n'aura jamais fait dans la dentelle pendant 23 ans, c'est une évidence, mais visiblement il fait depuis dans l'or. Tout d'abord parce que Ben Ali se serait enfui de Tunisie avec 1,5 tonne d'or (au cours actuel de l'once, cela représente la bagatelle de 45 millions d'euros tout de même...), que sa femme aurait exigé à la Banque centrale de Tunisie sous forme de lingots et qui dorment certainement depuis en face du lac Léman... Mais surtout, n'en déplaise au gouvernement français qui semblait croire (peut-être le croit-il encore ?) que la Tunisie était une économie saine, parce que Ben Ali a réussi à privatiser toutes les richesses de son pays pour son seul intérêt propre.

Alors bien sûr, cela a permis à la Tunisie de connaître une croissance de 5 % par an. Mais combien de fois faudra-t-il rappeler que la croissance n'est pas le remède à tous les maux et qu'il peut y avoir croissance économique sans développement ? Mais comme dans la doctrine néolibérale on ne s'intéresse qu'à quelques indicateurs économiques chiffrés sur lesquels on communique à outrance, il ne faut pas s'étonner que le FMI, institution ultralibérale s'il en est, n'ait cessé d'encenser le modèle économique de la Tunisie. Dominique Strauss-Kahn se vit même remettre une décoration par le dictateur déchu (ce qui est classique au FMI : les directeurs ne comptent plus les remerciements et décorations que leur remettent les Pinochet, Fujimori et autres personnages sympathiques...) avant de prononcer quelques mots qui fleurent bon le néolibéralisme primaire :

Ainsi "la politique économique qui est conduite est saine, et je pense que c'est un bon exemple à suivre pour les pays émergents", disait DSK en 2008 ? Il est vrai que sous le règne de l'arbitraire où tabassages, cambriolage de locaux professionnels, coupure de téléphone, destruction de domiciles étaient la règle contre quiconque s'opposait aux décisions prises par le gouvernement unipersonnel de Ben Ali, la mise en application des choix économiques est assez simple dans l'ensemble. D'autant plus que le clientélisme fut érigé en pratique de saine gouvernance, au vu et au su de toute la communauté internationale ! Le FMI, la Banque mondiale, l'OMC, l'Élysée et autres institutions n'auraient-ils donc pas remarqué que pendant que le clan que le clan des Trabelsi (du nom de Leïla, la deuxième femme de Ben Ali) s'accaparait toutes les richesses du pays suite aux privatisations exigées par le FMI au début des années 2000 (tous les grands secteurs de l'économie appartenaient depuis de facto à des membres de cette famille avec qui il fallait négocier pour n'importe quelle transaction), le chômage explosait, les jeunes diplômés ne trouvaient pas d'emplois, les salaires restaient indignes de ce "miracle économique", et les fonctionnaires pratiquaient intensivement la corruption à une échelle formidable ? Pendant ce temps, la presse était muselée sans que cela n'émeuve trop la communauté internationale, trop concentrée sur les bonnes affaires économiques à réaliser dans le pays. Ainsi lorsque du 16 au 18 novembre 2005, la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) s'était tenue à Tunis, ce sont 50 Chefs d'État ou de gouvernement et vice-présidents et 197 ministres et vice-ministres de 175 pays, ainsi que d'éminents représentants d'organisations internationales, du secteur privé et de la société civile qui ont décidé d'y participer. Le plus cocasse c'est qu'on y parlait de l'Internet et des mesures concrètes à prendre pour poser les bases d'une société de l'information accessible à tous... N.B : pour ma part, j'animerai une conférence sur la dette publique ce jeudi 20 janvier au CAC de Saint-Avold, dans le cadre de l'Université du Temps Libre (UTL). En effet, il me semblait important en cette période de multiplication des plans d'austérité, d'apporter des réponses précises aux questions que se posent beaucoup de personnes : qu’entend-on par déficit budgétaire, déficit public, dette de l’État ? Qui va payer la dette ? La zone euro va-t-elle exploser ? La France peut-elle faire "faillite" ? Et bien d'autres encore, car s'il est un sujet où les contrevérités et les approximations font le plus florès, c'est bien celui-ci ! Début des hostilités à 14h30...

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