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L'Egypte n'explosera pas

Publié le 19 janvier 2011 par Jujusete

Pourquoi est-ce que ça ne bougerait pas en Egypte ? Et l’effet domino ? Qu’est-ce que j’entends pas ces jours-ci, moi ! Même @Melclalex sur le twitt et Gaël en commentaire m’interrogent. Et de lire les positions des intellos, des journalistes qui me fatiguent avec leurs analyses même si sur le fond, celle là, par exemple.


Non, en Egypte, cela n’explosera pas comme en Tunisie, ailleurs non plus. Faut arrêter de brasser du vent. Sur le plan général, une copie reste une copie. Pale, morne, une copie.

Une révolution naît de l’espoir d’un peuple, de l’envie de faire changer les choses, de la faim aussi. Une révolution ne naît pas parce qu’un gars va se comporter de la même manière qu’un autre type qui a déclanché une révolution ailleurs. Une révolution naît de la faim, de la frustration, de la peur et de la peine.

Non, en Egypte cela n’explosera pas parce que c’est le peuple que décide, pas un peuple d’un pays voisin, pas un gars aussi courageux ou désespéré soit-il. Si révolution il devait y avoir, elle aurait déjà eu lieu suite aux grands mouvements du 6 avril.

Plus de journalistes que de manifestants

Il y a effectivement des manifs assez souvent dans les rues du Caire mais avec toujours beaucoup plus de journalistes que la poignée de courageux manifestants qui réclament le paiement d’une pension qu’ils n’ont pas eue.

J’avais cru voir un début de quelque chose il y a quelques mois quand des ouvriers avaient dormi devant la Shoura, sur un axe principal à côté de la place Tahrir, lieu de passage quasi obligé quand on veut aller dans le centre du Caire. Puis ils ont obtenu la poignée de livres qu’ils demandaient, leur pension, et sont repartis en chantant « vive le président ! »

Il est là, le fond du problème

Je parle souvent de l’abrutissement des masses en France puisque le système scolaire ne nous donne pas à réfléchir. Il suffit d’apprendre par cœur et de recracher sa leçon sur de la copie. Du moins, jusqu’au lycée. Mais ici en Egypte, la conscience politique est encore moindre.

Le désintéressement total des dernières élections législatives par la jeunesse en est un exemple flagrant. Les jeunes engagés du 6 avril, eux se sont dispersés, loin de l’énergie de départ, dans divers groupes qu’ils soient derrière le chouchou des médias occidentaux Baradeï ou Ayman Nour.

de courageux blogueurs

Des blogueurs continuent de s’insurger, courageusement, très courageusement et si vous regardez le rapport sur les ennemis d’Internet établi par Reporters sans frontières, vous comprendrez bien vite pourquoi. Bravo à eux.

C’est d’ailleurs ce que confirme cet article du Monde. La thèse de la fausse info sur l’asile psy est tellement proche de ce qu’on fait ici en terme de désinformation ! Depuis que je suis ici, plus d’un an, j’entends que ça va péter. Mais rien ne se passe. Et les prochaines élections présidentielles n’y changeront rien.

La société est séparée en classes

La plus haute le fait d’ailleurs bien sentir à la plus basse.

Pour faire simple, ceux qui ont l’argent, les relations et qui pourraient changer les choses, n’en feront rien. Pourquoi ? En cas de changement radical, ils risqueraient de tout perdre. Leurs enfants font des études ou des stages à l’étranger et ne rêvent que d’une chose : partir définitivement.

Oui, je parle de ces gens qui ont des maisons de vacances, la voiture avec chauffeur, qui n’ont qu’à claquer des doits pour avoir ce qu’ils veulent, qui partent en vacances à l’étranger… Mais non, l’argent ne fait pas forcément le bonheur, il permet juste d’aller travailler en minijupe parce qu’on n’a pas à prendre le taxi. Mais lorsqu’on leur parle de faire changer les choses, niet ! Ils préfèrent partir plutôt que de voir changer le pays. 

Dans mon quartier d’Imbaba, un des plus pauvres de la ville, ce sont les Frères qui ont pignon sur rue, profitant du manque d’argent. Ils « aident » mais bien entendu  des fins politique. Et l’extrémisme monte peu à peu chez les plus pauvres qui ne peuvent pas faire autrement que donner un petit coup de main aux gens qui les aident. Si bordel il devait y avoir, cela viendrait d’eux, mauvais présage. Mais la révolution ne les intéresse pas. Ils travaillent pour demain, non, après demain.

Ils travaillent pour l’éternel grattant peu à peu cette société et des sièges d’élus.

Alors non, la situation n’explosera pas en Egypte

Elle changera ?

Les égyptiens se rendront aux urnes  à l’automne mais selon moi, et malheureusement, le paysage restera le même.


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