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Installer de l'agriculture dans les villes

Publié le 19 janvier 2011 par Rcoutouly

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Re-publication d'un article consacré aux fermes urbaines datant de janvier 2010.

Pendant longtemps, les restructurations urbaines ont consisté à démolir des barres ou des tours pour donner de l'espace aux cités les plus défavorisés. Pourquoi, plutôt, ne pas garder les immeubles les plus vétustes et les transformer en fermes urbaines verticales? Cela peut sembler à priori loufoque mais cette idée mérite réflexion. Elle peut permettre de créer des emplois dans les cités et de retisser du lien social en mettant des activités économiques viable au coeur de zones où la seule économie qui fonctionnait était celle des trafics.

Le projet peut prendre la forme suivante. Choisir l'immeuble le plus vétuste de la cité. Reloger ses habitants. Casser les cloisons de l'immeuble en gardant la structure béton : dalle et soutènement. Garder les escaliers et ascenseurs. Ouvrir les façades pour faire rentrer la lumière et transformer les étages en serres.

Réaménager l'immeuble de la manière suivante: 

Au rez de chaussée : la coopérative, le magasin, des réservoirs d'eau, toutes les machineries, des composteurs (ou lombri-composteurs)

Au premier ou aux étages les moins ensoleillés : l'élevage de poulets et de lapins

Dans les autres étages (et de manière largement majoritaire); la production de légumes et de fruits

Au dernier étage, de nouveaux réservoirs d'eau, avec sur les toits des éoliennes et des panneaux solaires. Un système de récupération d'eau de pluie y est installé.

L'immeuble est réparti en lots soit d'élevage, soit de cultures. Les parties communes sont gérés par la coopérative, particulièrement le magasin qui vend l'ensemble des productions des coopérateurs. 

Ces coopérateurs sont des couples de jeunes issus de la cité, ou des cités environnantes, qui ont accepté de reprendre une formation agricole.

Les lots d'élevage produisent des lapins, des poulets et des oeufs, en bio, ils  donnent leurs fumiers aux lots agricoles et bénéficient des résidus des lots agricoles qui peuvent nourrir leurs bêtes. Les étages de l'immeuble consacrés à cette activité comprennent des zones de poulaillers et de clapiers mais aussi des espaces de relative liberté pour les animaux.

Les lots agricoles cultivent d'autres étages avec un mélange d'arboricultures et de maraîchage, sur l'ensemble de l'année, avec une alternance selon les saisons. Ces serres sont chauffées et disposent d'arrosage automatique.Les cultures se font dans de grands bacs disposant d'une profondeur de terres différentes selon le type de culture. Ces bacs sont disposés à différentes hauteurs selon les cultures, et disposés de manière optimal par rapport au soleil. 

Premier avantage de ces fermes verticales urbaines : elles fonctionnent en quasi-autonomie.  L'alimentation des plantes et des animaux est basé sur la récupération: récupération des résidus organique des résidents de la cité et du fumier produit par les volailles pour améliorer la terre des plantes, récupération des parties de plantes consommables en alimentation par les poules et les lapins.

L'électricité nécessaire est produite par les éoliennes, par un système de pompage-turbinage entre les réservoirs hauts et bas, par le photovoltaïque. Des colonnes éoliennes verticales peuvent être installés dans les anciens parkings jouxtant l'immeuble.

Le système hydraulique est conçu à partir des réservoirs en haut et en bas de l'immeuble, de système de récupération d'eau de pluie sur le toit et autour du bâtiment, avec un complexe de pompe et de turbine. Il permet à la fois de récupérer une grande partie de l'eau pluviale, de fournir de l'eau aux différents lots à partir des réservoirs hauts et de fabriquer de l'électricité selon le principe du pompage-turbinage.

Bien entendu, cette autonomie ne sera pas complète mais elle diminuera considérablement les charges et ... la production de CO2! 

Deuxième avantage de ces fermes verticales urbaines: elles recréent du lien social à l'intérieur des cités. Outre le fait que les créations d'emplois se font chez des jeunes de ces quartiers, le magasin permet aux habitants de se fournir en fruits, en légumes, en oeufs et en volailles de qualité à proximité de chez eux. Le magasin récupère aussi les déchets organiques des habitants. N'ayant pas d'intermédiaires, ni de frais de transports, les produits sont vendus à un prix convenable aussi bien pour les producteurs que pour la population défavorisée de ces quartiers.

Troisième avantage de ces fermes verticales urbaines: elles participent au développement économique de ces quartiers. Même si elles tendent à l'autonomie, ces fermes sont insérées dans le tissu économique local. Elles se fournissent en intrants à l'extérieur (grains pour les poulets, semences, etc...). Elles vendent leurs excédents de production auprès des commerçants de la région.

En définitive, le concept de fermes urbaines verticales provient de deux idées fondatrices.  D'abord la nécessité de sortir du principe d'éco-quartier vitrine. Les fermes urbaines verticales peuvent s'insérer dans tous les quartiers où une tour, une barre est vétuste. Elles participent de la revitalisation écocroissante de ces quartiers.

La deuxième idée fondatrice est celle qui consiste à bricoler le réel sans chercher à faire table rase du passé. Il faut sortir du tout-neuf et, en tout lieu, bricoler à partir des technologies et des outils de politique publique existants pour que les entreprises et les organismes publics, avec la  participation des habitants, puissent inventer une économie du réel plus responsable et durable.

Pour en savoir plus:

Des fermes urbaines dans les cités

Des grands ensembles d'hier aux Ecocités de demain


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