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Mauvaise intention

Publié le 20 janvier 2011 par Malesherbes

La proposition d’aide au maintien de l’ordre en Tunisie faite par notre ministre des Affaires étrangères a provoqué des interventions non dénuées de saveur. J’ai été particulièrement surpris par la déclaration suivante de Dominique de Villepin : « Il n'y a pas de solutions aisées et je ne me placerai certainement pas du côté des donneurs de leçons ». Certes, les situations sont difficiles mais, si elles ne l’étaient pas, nous n’aurions nul besoin d’individus d’exception comme nos dirigeants actuels. Plutôt que de s’ingénier à dénoncer ce qu’ont fait leurs prédécesseurs d’un bord opposé quand ils étaient au pouvoir ou, pire encore, à se gausser de ce qu’ils feraient s’ils y étaient actuellement, ce qui relève de la pure fantaisie, ils feraient mieux de consacrer leur énergie à trouver et mettre en œuvre des solutions.

Deuxième remarque : pourquoi qualifier de donneurs de leçons ceux qui relèvent les erreurs commises par certains ? Dans le monde de l’entreprise, si cher à Nicolas Sarkozy qui ne le connaît guère, lorsqu’un professionnel se trompe ou, tout simplement ne réalise pas ses objectifs, son management ne se prive pas de le blâmer ou, tout au moins, de réduire ses revenus ou de freiner son évolution. En fait, les éminences politiques pratiquent un échange de mauvais procédés. Elles s’abstiennent de relever les fautes de leurs compères pour mieux s’assurer de leur compréhension si elles venaient elles-mêmes à faillir.

Nous avons aussi pu entendre un Henri Guaino bafouillant déclarer, visiblement très mal à l’aise : « Je crois qu'elle l'a fait sans mauvaise intention du tout, mais à partir d'une analyse qui était la sienne ». Mais, cher conseiller, on se moque totalement des intentions de MAM. Il est très aventureux de vouloir déterminer quelles sont les intentions de tel ou tel et la seule chose qui compte, c’est, selon le cas, la conséquence de ses paroles ou le résultat de ses actions.

Pour nous en tenir à un exemple récent, qui est capable de dire quelles étaient les intentions de Nicolas Sarkozy lorsqu’il a ordonné à nos forces armées d’intervenir au Niger ? Voulait-il libérer les captifs ou bien arrêter leurs ravisseurs coûte que coûte ? Pour le déterminer, il faudrait savoir quelle était la teneur exacte de l’ordre transmis aux responsables de l’intervention et je doute fort qu’on la connaisse jamais. Dans la première hypothèse, nos militaires auraient échoué dans une tâche très difficile. Dans la seconde, comme certains d’entre eux ont cru pouvoir l’affirmer, l’opération a été couronnée de succès. La France aurait ainsi pris le risque de sacrifier deux innocents pour signifier sa nouvelle politique de refus de négocier avec le terrorisme. La compassion manifestée par nos plus hautes autorités se teinterait alors de cette hypocrisie qu’elles rejettent si vigoureusement.

Mais la palme de la mauvaise fois revient à notre Premier ministre qui a ainsi répondu à Jean-Marc Ayrault : « Je voudrais d'abord dire toute ma confiance à Michèle Alliot-Marie et regretter l'exploitation peu honnête que vous faites de ses propos ». Où donc a-t-il vu la moindre exploitation des paroles de notre ministre des Affaires étrangères ? Il semble d’ailleurs que, si ces affaires sont étrangères, elles le sont surtout à Michèle Alliot-Marie. Il a ensuite évoqué les éloges adressés auparavant par des dirigeants socialistes à Ben Ali. On peut en relever d’autres, et des plus récents, dus à des hommes politiques de droite mais il faut hélas reconnaître que, avec de telles insinuations, François Fillon affiche une complète ignorance de ce qu’est sa fonction. Il n’est pas le chef d’une faction, d’un clan, il est un représentant de la France et les pays étrangers ne se soucient pas de savoir si c’est la gauche ou la droite qui s’exprime, ils entendent une seule voix, celle de la France.

Et s’il n’est pas capable de faire la différence entre recevoir une breloque des mains d’un dictateur et proposer de l’aider à maintenir l’ordre, alors il est grand temps pour lui d’essayer de se reclasser dans un emploi mieux en ligne avec ses compétences.


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