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Sciences et curiosités à la Cour de Versailles

Publié le 20 janvier 2011 par Fuzzyraptor

Le 6 janvier dernier, j’ai assisté à une conférence au Musée des Arts et Métiers au sujet de l’exposition « Sciences et Curiosités à la Cour de Versailles » (jusqu’au 27 février au château de Versailles). Aux vues des critiques de la presse et du nombre de spectateurs ce soir-là, on peut dire sans se tromper que l’exposition emporte l’adhésion de tous.

affiche

N’ayant pas encore eu l’occasion de la visiter, je me bornerai donc ici à retranscrire quelques éléments glanés dans cette conférence. Animée par le journaliste Daniel Fiévet, elle donnait la parole à trois intervenants passionnants :

  • Catherine Arminjon : conservateur général du patrimoine et commissaire de l’exposition
  • Robert Halleux : directeur du Centre d’histoire des sciences et des techniques de l’université de Liège et coauteur du catalogue de l’exposition avec C. Arminjon
  • Thierry Lalande : chargé de collection « Instruments scientifiques » au Musée des arts et métiers

Vous vous demandez sans doute : « pourquoi une conférence sur Versailles au Musée des arts et métiers ? ». Tout simplement parce qu’il a prêté 15 de ses objets (8 exposés et 7 des réserves) pour l’exposition, dont la machine pneumatique, un morceau de la machine de Marly et la fameuse joueuse de tympanon, automate si cher à Marie-Antoinette.

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Autant d’objets « incontournables », selon Thierry Lalande, que Catherine Arminjon a réclamé dès septembre 2007 lors de la toute première réunion de préparation de l’exposition. « Au départ, elle voulait même une centaine d’objet ! », sourit le chargé de collection, qui simule une attaque cardiaque.

La commissaire de l’exposition indique qu’elle a mené une réelle « chasse » aux objets, pendant deux ans. En effet, comment retranscrire la vie scientifique à la cour sans ces objets, qui « ont réussi à traverser les siècles, selon Thierry Lalande, ils sont les témoins de ces différentes périodes, et pour chacune d’elles, ils ont eu des sens différents ».

Moi qui suis plutôt inculte en ce qui concerne l’histoire de notre pays, j’ai apprécié les « petites histoires dans la grande », contées par Catherine Arminjon et Robert Halleux. J’ai notamment appris un aspect méconnu de la cour de Versailles : on y échangeait entre savants, on présentait ses inventions au roi pour obtenir des financements, on impressionnait les dames avec des expériences pétaradantes…

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Les différents Louis, du XIVème au XVIème du nom étaient étonnamment férus de sciences. Pendant plus de 100 ans, ces rois feront l’effort de « coordonner, planifier, organiser le travail scientifique et le mettre au service des grands dessins de l’État, précise Robert Halleux, « c’est l’origine de la notion moderne de politique scientifique, par la science et pour la science. Malgré les précédents avec Frédéric II de Prusse ou Ernest de Bavière, « Versailles a été un réel tournant dans l’utilisation science pour perfection du pays » poursuit-il, en lien étroit avec l’Académie des sciences.

Selon Mme Arminjon, même s’il n’était pas un scientifique averti, Louis XIV « s’est servi de la science pour son pouvoir ». Il s’est installé en 1682 à Versailles. C’est sous son règne que débute l’un des projets emblématiques de Versailles : l’irrigation du parc. « Très vite, l’utilisation de l’eau provenant d’étangs sur les hauteurs n’a pas suffit. Un projet de canaliser l’eau de la Loire, à 400 km et de construire un aqueduc depuis l’Eure seront envisagés, puis abandonnés. Finalement, Marly construira sa machine pour pomper l’eau de la Seine, située 140 mètres en dessous de Versailles ». Louis XV, quant à lui, était très intéressé par la science, notamment la chimie et l’astronomie et « a fait installer un certain nombre de petits cabinets, des lieux où se faisait la science qui seront reconstitués suite à l’exposition ». La chercheuse ajoute : « il aimait la compagnie des savants et les écoutait. Il a également donné à ses enfants son propre cabinet de chimie. C’est sous son règne que travaillait l’abbé Nollet, le tout premier maître de physique ». C’est également lui qui mettra en place l’entretien des canaux, abandonné après la mort de Louis XIV.

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Robert Halleux, quant à lui, retient une figure : « Louis XVI, prince manufacturier » qui reconnaissait et respectait les différents métiers. « Ce roi n’a pas réussi à piloter la Révolution mais il aurait pu piloter la révolution industrielle ».

Tout au long de la conférence, les chercheurs ont décrit plusieurs expériences ou curiosités présentés dans l’exposition :

  • La Ménagerie : avec beaucoup d’oiseaux exotiques, un éléphant mort sur place et disséqué par Duvernet, le rhinocéros de Louis XV, qui pourra et sera naturalisé au Muséum national d’Histoire naturelle.
  • Le fœtus de sept mois, conçu par Madame du Coudray : une pièce unique au monde qui fera faire d’immense progrès dans la formation des sages-femmes. Le mannequin complet est conservé au musée de la médecine à Rouen.
  • Le miroir ardent de Louis XIV : la légende veut que lors d’une démonstration, le roi a pu lire une lettre à l’autre bout de la pièce grâce à seulement une bougie et ce miroir. Le roi l’offrira à l’Académie des sciences et il sera conservé à l’Observatoire de Paris.
  • L’expérience d’électricité statique : Catherine Arminjon a proposé cette expérience aux ministres qui ont visité l’exposition lors de son ouverture, tout comme à l’époque de la cours, et tous ont sursauté !
  • L’expérience aérostatique : En septembre 1784, le ballon des frères Montgolfier s’envole avec succès devant une foule immense. A l’intérieur était placé un mouton qui sera nommé plus tard Monte-au-ciel, un canard et un coq.

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Retour à notre époque avec Catherine Arminjon, qui indique que le château dispose d’un centre de recherche et d’un programme « Science à Versailles » depuis plusieurs années. C’est en grande partie grâce à ce programme que l’exposition a pu voir le jour. Elle souligne également l’importance de l’utilisation des moyens multimédia pour reconstituer virtuellement la vie scientifique qui a eu lieu à Versailles pendant plus de cent ans. « La présence d’un écran à 360° à l’entrée de l’exposition interpelle beaucoup les chercheurs, qui s’attendent à trouver uniquement des machines ».


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