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Colonies de vacances: la revanche des associations sur les entreprises?

Publié le 21 janvier 2011 par Vitacolo1

Depuis près de dix ans, les entreprise privées ont investi le secteur des colonies de vacances, et on ainsi transformé ce qui était jusque là monopolisé par les organismes publics, les associations et comités d’entreprise, en un véritable marché sur lequel la concurrence règne.

Comme souvent, la concurrence n’a pas apporté de baisse des prix, au contraire. Etant assujetties aux impôts commerciaux (et donc notamment la TVA), les sociétés ne pouvaient pas prétendre répartir le bénéfice entre les fondateurs tout en proposant des colonies au même prix que les associations à but non lucratif, exonérées de TVA et autres impôts sur les sociétés. Les entreprises ont donc joué avec succès la carte de la qualité et de la publicité pour de faire une place et un nom parmi les monstres sacrés que sont l’UCPA, l’UFCV, Vacances Pour Tous et ses ramifications que sont les Fédérations des oeuvres laïques.

Les entreprises, avec leurs idées novatrices, leur marketing et leur publicité, ont dépoussiéré le concept de colonie de vacances, en axant leur approche sur la thématique des séjours, et non plus sur la localisation géographique. On ne partait plus en colo « à la mer » ou « à la montagne » : dans des catalogues de 200 pages les enfants étaient amenés à choisir une thématique forte pour leur séjour : musique, cuisine, ateliers scientifiques…

Face à cette évolution, les associations se sont retrouvées face à un défi majeur : se moderniser ou disparaître progressivement. L’Etat ne subventionnant plus les organismes de colo, c’est tout le milieu de l’éducation populaire qui était menacé. D’une part, les séjours proposés par les entreprises proposaient des conditions d’accueil, d’encadrement et de sécurité souvent supérieures à ce qui existait ans le milieu associatif. D’autre part, l’attractivité des séjours proposés par le secteur lucratif était de loin supérieure à celle des associations d’éducation populaire. Les entreprises avaient réussi à se faire une place, l’enjeu était maintenant de faire en sorte que les associations ne perdent pas la leur.

En quelques années, les associations ont su redresser la barre en se modernisant, tout en essayant de ne pas perdre leur âme. Contrairement aux entreprises, elles devaient poursuivre comme objectif de maintenir la mixité social sur les séjours, afin que les colos conservent leur intérêt pédagogique originel, qui était de mettre les vacances à disposition de tous les enfants.

Progressivement, le « marché des colonies de vacances », s’est donc segmenté. Les entreprises ont su trouver leur place en proposant des séjours d’agrément (qu’elles appellent d’ailleurs « produits »), réservés à un public aisé, « CSP + ».  Les associations s’adressent désormais à tous les publics, et parviennent à allier qualité de l’accueil, pédagogie et mixité sociale.

Afin d’éviter qu’il n’y ait désormais des « colos de riches » et « des colos de pauvres », d’où seraient d’ailleurs exclues les classe moyennes, qui ne bénéficient d’aucune aide de l’état mais ne peuvent financer seuls des colonies pour leurs enfants, l’éducation populaire se trouvait face à son plus grand défi.

Les gros organismes tels que l’Association Temps jeunes ou Vacances pour tous ont progressivement modifié leur approche des colos, en proposant des séjours plus thématiques, et en créant des chartes de qualité renforçant leurs arguments pour convaincre les parents de les rejoindre. Certains organismes ont aussi développé des aides au départ, financés directement par l'association, afin de permettre aux jeunes de partir malgré les difficulté socio-économiques de leurs parents. Ces programme ont aussi intégré la question du handicap, les associations étant plus enclines à accepter les enfants porteurs de handicap sur leurs colos.

En ce qui concerne la communication, il est notable qu'Internet, et notamment le positionnement sur les moteurs de recherche, a permis aux associations de se faire connaitre sans recrourir à la publicité. Certains sites se sont même spécialisés dans la mise en avant des organismes, et notamment les plus petits, afin de promouvoir toutes les idées nouvelles. Proposant désormais des séjours équivalents à ceux des entreprises en terme d'encadrement et d'hébergement, les associations sont-elles sur le point de reprendre le contrôle du "marché des colos"? Réponse dans quatre ou cinq ans!

Mehdi Coly, pour les colonies de vacances Vitacolo


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