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Un nouveau nationalisme?

Publié le 21 janvier 2011 par Bernard Girard
Marine Le Pen a fait de la nation et du fait national un marqueur de son discours, comme Chevènement en faisait un des mots République et républicain.
Vu l’intérêt que lui portent les médias, il n’est pas impossible que ce mot revienne régulièrement dans les débats et que les journalistes, toujours avides de questions qui mettent en défaut les politiques qu’ils interviewent ne demandent à ses adversaires de droite comme de gauche : “que faites-vous donc de la question nationale?” Dans la foulée des instituts de sondages pourraient demander aux Français ce qu’ils pensent de la Nation, s’ils y sont attachés…, ce qui reviendrait à faire de la question nationale un sujet, ce apportant ainsi de l’eau au moulin du FN.
On n’en est pas là. Mais on devine comme un frémissement. Des poissons-pilote comme Elizabeth Levy ou Alain Finkielkraut ont commencé d’évoquer l’incontournable question nationale sur des plateaux de télévision. D’autres continueront avec moins de talent. Le retour d’un concept qui paraissait démodé, dévalué et ringard intrigue. Le fiasco des débats sur l’identité nationale montre que la société française reste pour le moins prudente. Comment oublier que le patriotisme, l’amour du drapeau et des anciens combattants ont chez nous surtout rimé avec réaction, collaboration, inertie et… stupidité?
Mais peut-être serait-il plus judicieux de parler de l’émergence d’un “nouveau nationalisme”, objet insolite qui associe des éléments assez hétéroclites. J’en ai identifié quatre :
- le souverainisme à la Chevénement (ou à la Dupont-Aignan) qui s’inspire de la tradition gaulliste et valorise l’indépendance nationale,
- l’assimilation d’un peuple et d’une nation qui mobilise les défenseurs d’Israël et expliquerait que l’on trouve tant de juifs chez les avocats de ce nationalisme nouveau : celui leur permettant en effet d’affirmer tout à la fois et d’un même geste leur francité et leur défense d’Israël dans ce que la politique de ce pays peut avoir de plus contestable,
- le laïcisme intégral qui serait une spécificité française et permet d’en découdre avec l’Islam,
- un conservatisme de bon aloi qui mélange allégrement références culturelles, citations historiques et amour de la langue.
Ce nationalisme nouveau est naturellement réactionnaire, même s’il arrive qu’il soit porté par des gens qui se situent à l’extrême-gauche (je pense à Mélenchon). Il est, dit-on, populaire. J'en doute tant il me parait aveugle. La France populaire n'est pas celle des sixième et septième arrondissement. On aimerait recommander aux théoriciens et avocats de ce nouveau nationalisme de prendre plus souvent le RER. Ils verraient que la France a changé ces quarante dernières années, qu’elle ne ressemble plus du tout à celle que rêvaient Peguy ou Renan. Elle s'est enrichie de mille couleurs, de mille cultures et d'autant de langues. Elle se construit dans ces banlieues qui nous nourrissent de leurs idées, de leurs passions, de leurs inventions. 

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