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Odeurs d'enfance

Publié le 21 janvier 2008 par Véronique Bessard

Dans mon village d’enfance, il y a un petit café, ou je jouais fillette avec les enfants du propriétaire. L’établissement, toujours géré par la même famille, semble s’être figé, comme conservé dans l’ambre du temps. Il y a bien des tactilos à la place des flippers mais les changements s’arrêtent là.


La même odeur, flotte toujours entre les vieilles tables toutes marquées par des générations de tasses de café et de verres de vin. J’y suis allée récemment et je confesse que ce fût une expérience étrange et presque douloureuse… Beaucoup de visages aimés et disparus semblaient s’être pris dans les filets de cet effluve. Des voix oubliées, des rires éteints, résonnaient encore dans les coins. Voici, un très beau texte d’Albert Cohen sur l’enfance. Vous y trouverez de nombreuses allusions aux odeurs. Après lecture, peut être aurez vous envie de partager avec nous quelques unes des odeurs de votre enfance ? (Cliquez sur le lien ci-dessous pour lire la suite)


« Ô mon passé, ma petite enfance, ô chambrette, coussins brodés de petits chats rassurants, vertueuses chromos, conforts et confitures, tisanes, pâtes pectorales, arnica, papillon du gaz dans la cuisine, sirop d’orgeat, antiques dentelles, odeurs, naphtalines, veilleuses de porcelaine, petits baisers du soir, baisers de Maman qui me disait, après avoir bordé mon lit, que maintenant j’allais faire mon petit voyage dans la lune avec mon ami un écureuil. Ô mon enfance, gelées de coings, bougies roses, journaux illustrés du jeudi, ours en peluche, convalescences chéries, anniversaires, lettres du Nouvel An sur du papier à dentelures, dindes de Noël, fables de La Fontaine idiotement récitées debout sur la table, bonbons à fleurettes, attentes des vacances, cerceaux, diabolos, petites mains sales, genoux écorchés et j’arrachais la croûte toujours trop tôt, balançoires des foires, cirque Alexandre où elle me menait une fois par an et auquel je pensais des mois à l’avance, cahiers neufs de la rentrée, sac d’école en faux léopard, plumiers japonais, plumiers à plusieurs étages, plumes Sergent-Major, plumes baïonnette de Blanzy-Poure, goûters de pain et de chocolat, noyaux d’abricots thésaurisés, boîte à herboriser, billes d’agate, chansons de Maman, leçons qu’elle me faisait repasser le matin, heures passées à la regarder cuisiner avec importance, enfance, petites paix, petits bonheurs, gâteaux de Maman, sourires de Maman, ô tout ce que je n’aurai plus, ô charmes, ô sons morts du passé, fumées enfouies et dissoutes saisons. Les rives s’éloignent. Ma mort approche. »
Albert Cohen, Le livre de ma mère, 1954


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