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Respecter les critères de Maastricht plutôt que sortir de l’euro

Publié le 22 janvier 2011 par Lecriducontribuable
Banque centrale européenne

Par Jacques de Guenin, président du Cercle Frédéric Bastiat, pour qui l’énergie dépensée à tenter de convaincre les Français qu’il faut sortir de l’euro serait mieux utilisée à essayer de convaincre l’État français de respecter les critères de Maastricht.

Une condition sine qua non pour qu’un État puisse adhérer à la Zone euro est qu’il s’engage à respecter les critères de Maastricht : déficit public inférieur à 3% du produit intérieur brut (PIB) ; dette publique inférieure à 60% du PIB. Aucun des États de la Zone euro n’aurait eu de difficultés financières s’il avait respecté ces critères.

On conviendra que les respecter revient à faire ce que Contribuables Associés cherche inlassablement à obtenir de notre propre État : qu’il diminue ses dépenses. Qu’on le veuille ou non, la Banque centrale européenne (BCE) est donc un allié objectif de Contribuables Associés. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette contribution à notre cause, fût-elle involontaire.

Dès lors que plusieurs États européens, dont le nôtre, ne respectent pas des contraintes institutionnelles et des engagements internationaux aussi forts que le Traité de Maastricht, qui peut croire que ces États, s’ils abandonnaient l’euro, ne se précipiteraient pas dans l’inflation comme ils l’ont toujours fait depuis qu’ils ont abandonné la discipline de l’étalon-or? Je rappelle que depuis la fin de la guerre jusqu’à la création de l’euro, nous n’avons pas eu une seule année sans inflation et la valeur du franc a été divisée par 373 !

Deux questions se posent donc :

  1. Peut-on compter sur les institutions européennes pour exercer une pression suffisante sur les États ?
  2. Comment se fait-il que tant de bons esprits par ailleurs respectables soient favorables à la sortie de l’euro ?

À la première question, je réponds qu’il existe aujourd’hui, depuis la faillite de l’État grec, une pression de plus en plus grande sur les États de la Zone euro afin qu’ils respectent les critères de Maastricht. Jean-Claude Trichet déclare : « Tous les pays de la Zone euro doivent faire des efforts très importants ». Axel Weber, président de la Bundesbank et candidat à la succession de Trichet, écrit dans Le Figaro : « Les programmes de réforme envisagés vont dans la bonne direction, mais restent insuffisants sur bien des points ». Le ministre des Finances allemands, Wolfgang Schaüble, déclare de son côté : « Les sanctions appliquées aux pays de la Zone euro qui contreviennent aux règles de l’Union monétaire européenne doivent être plus sévères ». Angela Merkel, bien qu’en difficulté, obtient des louanges lorsqu’elle prône une ligne dure vis-à-vis des États de la Zone euro qui ne suivent pas leurs engagements.

Pour couronner le tout, les agences de notation menacent de baisser la note des États qui s’écartent trop des critères de Maastricht. Moody’s l’a déjà fait pour la Grèce, le Pays basque espagnol, les régions espagnoles de Murcie et de Castille. Le résultat ne s’est pas fait attendre. En Grèce, par exemple, le gouvernement socialiste va réduire les salaires malgré les révoltes de la population.

Voici maintenant la réponse à la deuxième question : il existe trois catégories de personnes qui préconisent l’abandon de l’euro par la France, voire le démantèlement de l’euro.

Les rêveurs : parmi ceux-ci, il y a ceux qui n’ont pas conscience des difficultés pratiques de l’opération et de ses conséquences.

D’autres s’appuient sur l’idée développée par certains économistes américains qu’une monnaie unique n’est véritablement viable que dans une zone économiquement homogène. Cela est contredit par les faits : il existe des zones particulièrement hétérogènes entre elles à l’intérieur des États-Unis eux-mêmes, en Italie entre le Nord riche et le Sud, en Allemagne après la réunification, ce qui ne les a pas empêchés d’avoir une seule monnaie.

D’autres encore sont persuadés qu’une monnaie doit être gérée par un État, ce qui est contredit par l’histoire. En fait, les monnaies européennes ne se sont jamais mieux portées que pendant la période où l’étalon-or empêchait les États de les manipuler. Par ailleurs, même aujourd’hui, plusieurs États ont une monnaie rigidement liée à la monnaie jugée plus stable d’un autre État. C’est en particulier le cas des pays qui utilisent toujours le franc CFA.

Les cyniques : ce sont ceux qui sont parfaitement conscients que le retrait de l’euro entraînera fatalement de l’inflation, mais, pensent-ils, cela permettra à l’État de diminuer le poids de sa dette. Étant eux-mêmes assez instruits pour se prémunir contre l’inflation, ils acceptent cyniquement que l’État vole les épargnants et les salariés pour diminuer ce poids. Ils oublient que les prêteurs, dont la France est si dépendante, tiennent compte de l’inflation, et ne manqueraient pas d’augmenter les taux d’intérêt.

Les résignés : ceux-là sont conscients des inconvénients décrits ci-dessus, mais ils croient que les États ne respecteront jamais les critères de Maastricht. Autant se débarrasser de ceux qui les respectent encore moins que nous.

Alors, je le demande, toute l’énergie dépensée à tenter de nous convaincre qu’il faut sortir de l’euro ne serait-elle pas mieux utilisée à essayer de convaincre notre État de respecter les critères de Maastricht ?

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