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J'ai mal à ma Culture

Par Isleene
J'ai mal à ma CultureLa communauté historienne est en deuil ou presque, les auditeurs assidus de France Inter aussi.
Depuis vendredi, le petit monde de l'Internet un peu culturé se désole. Tout est parti d'une rumeur (pour une fois presque vrai) selon laquelle France Inter arrêtait la diffusion de son émission 2000 ans d'histoire proposée par Patrice Gelinet.
En réalité il s'avère que l'ancien patron de France Culture (de 1997 à 1999) est nommé au CSA. En conséquence France Inter lui cherche un remplacant.
Mais avouons le, cela ne sera jamais plus pareil. Dans la vraie vie de tous les jours, 2000 ans d'histoire est l'émission la plus podcastée de France. En grande partie grâce à un lobbying actif des professeurs d'université.
J'ai mal à ma Culture
 Je me souviens (il a fort fort longtemps) lors de mon premier cours, de ma première année de fac quand mon fabuleux prof d'histoire contemporaine nous a expliqué avant tout qu'il nous fallait absolument écouter les émissons du type La fabrique de l'histoire et 2000 ans d'histoire. Oui il y a des classiques qui ont bercé les milliers de jeunes premières années.
Tout cela pour partir jouer le censeur au CSA. Shame on you Mr Gelinet.
Ca c'était vendredi.
J'ai mal à ma Culture
Mais vendredi, la culture a pris encore un coup de l'aile quand notre le ministre thailandais de coeur de la culture a pris la décision "citoyenne et républicaine" de sortir l'anniversaire de la mort de Louis Ferdinand Céline de la liste des commémorations officielles 2011.
Ici nous sommes d'accord, Céline était un salaud antisémite mais quand même un putain de génie. Un maitre de la littérature et l'un des plus talentueux  écrivains du XXe siècle au même titre qu'Albert Camus.
Or une des premières choses que l'on apprend aussi en première année d'histoire c'est à comprendre les ressorts et les causes d'une époque, ce qui implique souvent de mettre de coté notre vision humaniste, égalitariste ou droit de l'hommiste. Mais comprendre n'est pas justifier. De toute façon, le travail ne se situe pas à cette étage.
Apprendre à faire la différence entre le comportement des gens et leur production. Voila ici ce qui importe.
Si demain, un groupe d'illuminés, ultra conservateurs, se pointait au ministère de l'éducation en demandant la suppression des programme de Baudelaire sous pretexte qu'il avait des tendances homosexuelles, la France entière s'indignerait en criant qu'il ne faut pas toujours au patrimoine national.
(Attention je ne mets pas sur un même pied antisémitisme et homoséxualité, j'avais juste besoin de l'exemple d'un auteur qui pourrait être attaqué sur sa vie plutôt que sur ces oeuvres.)
Patrimoine national, c'est bien de cela dont il est question dans cette affaire. L'un des problème étant que la France a du mal a faire la paix avec son passé et son histoire. Elle s'autoflagelle quand le politiquement correct l'exige quand elle ne s'engage pas dans des débats qui ne devraient pas être du ressort du politique à l'instar de la question du role positif de la colonisation.
Faire la paix avec son passé est d'autant plus difficile quand il existe encore des témoins des évenements qui prend son expérience et son ressenti pour la seule et unique vérité et qui tente d'influer sur l'écriture de cette Histoire.
Je m'éloigne mais pas tant que cela. Dans le cas de Céline c'est cette écriture de l'histoire qui est au coeur de la polémique et fait perdre de vue l'essentiel, l'aspect profondement culturel.
L'an dernier la France célèbrait les 400 ans de la mort d'Henri IV. Si le personnage politique est fabuleux, coté privé, il y aurait tellement à redire. Pourtant on a passé cette partie sous silence.
On créait des gentils et des méchants pour pouvoir se raccrocher à des valeurs qui seraient caduques de leur temps. Mais nous en avons besoin pour rester un brin optimiste.
J'ai mal à ma Culture
La question étant doit-on subordoner la culture (et l'histoire de fait) aux exigences du politiquement correct? Je ne vous ferais pas l'affront d'une dissertation sur le suje.
Mais un pays qui a honte de son histoire et de ses productions, à titre personnel ça me fait peur. C'est ainsi que l'on commence à réécrire l'histoire au service d'une identité nationalement tronquée alors qu'au contraire, c'est ce qui devrait cimenter une communauté.
Face aux polémiques permanentes, il reste certain que nous sommes dans une période skyzophrène où la médiatisation passe avant la qualité. Car à l'instant où nous clamons la réussite des grands expos telles celles de Picasso ou de Monet, le même ministère boycotte et fait fermer une exposition qui se tenait aux Archives Nationales. Pourquoi? Pour faire plier des grévistes de ces mêmes Archives.
Aujourd'hui le service public culturel est à la dérive ou pire encore, il s'autodétruit.
Si tu as eu le courage de tout lire, félicitations pour la peine un jour peut-être je vous parlerais du projet de "Musée de l'Histoire de France".

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