Nous parlons sans cesse de culture.
Nous ne vivons que pour la culture.
Pour le culte de l’art, et du Beau.
Mais ne devrions-nous pas aussi parler du privilège que tout ceci implique ?
Pour se tourner vers la culture, pour s’ouvrir au Beau et y être sensible, encore faut-il que nous n’ayons pas le ventre qui crie famine, le corps exposé au froid, au vent ou à la fournaise desséchante, condamné à l’errance et à la puanteur des sans-toit qui ne peuvent se laver.
Encore faut-il que nous ayons eu l’occasion d’apprendre à lire et à écrire, celle d’entrer en contact avec les plus beaux livres, avec les plus belles des œuvres d’art.
Encore faut-il que nous ne soyons pas réduits à l’état de bêtes de somme par un labeur épuisant et abrutissant, bouffant la vie pour presque rien.
Encore faut-il qu’on ne nous vole pas nourriture, espace, temps, sommeil, sécurité, santé, joie et espoir, confiance en nous et en l’avenir.
Comment s’étonner que la plupart des démunis haïssent la culture ?
Qu’ils la considèrent au mieux comme un luxe inutile, au pire comme un prétexte pour les mépriser, les écraser encore plus ?
P.Laranco.