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C'est un scandale! Les agences de notation regrettent la dictature

Publié le 23 janvier 2011 par Marx

publié dans le journal l'Humanité

Moodys rejoint Fitch 
et Standards and Poors pour baisser la note de la Tunisie, sanctionnant « l’instabilité ».

Après Fitch et Standards and Poors, Moodys a baissé à son tour hier la note de la dette souveraine de la Tunisie. Les trois grandes agences de notation de la planète justifient leur geste quasiment dans les mêmes termes en invoquant comme Moodys hier « l’instabilité du pays, due au récent changement inattendu de régime ».

Le message est clair : les marchés financiers, dont ces agences sont les porte-voix, n’aimaient rien tant que la « stabilité » de la dictature défunte. Et ils n’hésitent pas à se livrer au chantage sur les citoyens tunisiens en les prévenant en substance qu’ils ont intérêt à garder intact les privilèges accordés par l’ancien régime aux « investisseurs » (bas salaires, fiscalité dérisoire, etc). Sous peine de voir les crédits accordés au pays se renchérir considérablement.

Les chiens de garde aboient à chaque fois qu’un peuple tente de secouer l’étau dans lequel entendent les enfermer les marchés mondialisés. Les derniers rappels à l’ordre étaient adressés aux citoyens grecs, portugais et espagnols. Au lendemain de leurs grèves générales contre les super « purges » censées les remettre au plus vite dans les clous du pacte de stabilité. Les agences n’aiment rien tant que la discipline et l’autoritarisme politique pour faire respecter les dogmes monétaristes.

L’exemple Fitch est particulièrement éclairant. L’agence dont le Français, Marc de Lacharrière, a pris le contrôle il y a quelques années, est la première à avoir baissé la note de la Tunisie dès le départ du dictateur. Lacharrière, à la tête d’un empire financier, la Fimalac, est aussi administrateur de sociétés vedettes du CAC 40 comme Casino, Renault ou... L’Oréal.

La Fimalac possède des intérêts en Tunisie. Elle contrôle le groupe d’hôtels de luxe et de casino Lucien Barrière, propriétaire notamment de la chaîne de cinq étoiles Hasdrubal à Djerba, Hammamet et port el Kantaoui. Et la multinationale de l’outillage FACOM, « filiale » de la holding financière, est aussi implantée en territoire tunisien.

Les raisons du zèle de l’agence Fitch à sanctionner si promptement la Tunisie sont donc éclatantes. Signe particulier : Le 1er janvier, le président Nicolas Sarkozy en personne élevait Marc de la Charrière au rang d’officier de la légion d’Honneur. Le même Sarkozy avait pourtant fustigé « le scandale de l’absence de transparence » des agences le 24 avril 2008 pour leur responsabilité dans le krach financier alors en cours et réclamé « des sanctions »...

Le groupe Lucien Barrière, contrôlé donc par Lacharrière, est également propriétaire du Fouquets. Faut-il y voir une explication à l’amnésie du chef de l’État ? Sans doute pas... Mais bien plus sérieusement, un des morceaux de la réalité des complicités des autorités françaises avec la dictature tunisienne apparaît là au grand jour.

Bruno Odent


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