Tunisie 1 - Ema 0

Pas tout mais de nombreuses choses m'empêchent aujourd'hui de vous ouvrir les yeux sur la Tunisie.

Je comptais beaucoup sur une copine tunisienne époustouflante que je devais voir vendredi dernier.

/ La Tunisie, j'y suis mal allée, dans des circonstances normales, ça m'aurait aidée, comme toutes les femmes et St-Thomas il me faut être touchée pour comprendre, mais je n'ai ramené que ça, de là-bas, des moutons qui broutent dans le cimetière du mausolée de Bourguiba.

J'étais coincée dans un purgatoire pour touristes, ayez pitié /

Elle n'était pas contre s'aérer un peu l'esprit, vendredi dernier, avec moi.

Je suis un vrai courant d'air frais, rapport à une révolution.

Pas de bol, Ben Ali a démissionné en fin de journée.

J'ai fait une croix sur elle. Elle a replongé dans la révolution.

Ca m'a fachée parce que c'était beaucoup trop tôt pour moi cette démission.

Comme si j'arrivais dans la salle une demie-heure après le début du film.

J'ai beau relire le résumé des évènements, quelque chose m'a complètement échappé.

Si, disons, j'étais premier ministre de ce blog et "vous" le parlement, je me ferais drolement chambrer lors des questions au gouvernement (ce n'est pas de la prétention, par exemple, je considère que le blog est trop petit pour avoir droit à des ministres alors je fais tout moi-même. C'est une république artisanale, on fait partie des Petites et Moyennes Nations. Ah. Je me vois plus grosse que je ne suis. Admettons. C'est de l'auto-nation) pour cette incompétence.

Mais ce n'est pas drôle.

Comme bloquée sur la date du 17 décembre.

Mohamed Bouazizi, "bachelier, n’avait pu prolonger ses études supérieures, il lui fallait faire vivre sa famille. Donc il vendait – sans permis – des légumes sur le marché. Par cinq fois, la police lui avait confisqué sa marchandise. Lors d’une dernière altercation, une policière l’avait giflé. Il était allé se plaindre à la mairie, où on lui refusait les autorisations pour exercer son commerce. Meurtri, désespéré, il a choisi de..."

Donc l'immolation.

Au Vietnam en 1963, un moine bouddhiste, Thich Quang Duc, 66 ans, périt après s'être immolé pour protester contre le président sud-vietnaniem Ngô Din Diem. Le 16 janvier 1969, Jan Palach, jeune étudiant de 21 ans, s’immole sur la place Venceslas pour protester contre la répression du Printemps de Prague par les chars soviétiques, quelques mois plus tôt. Suicide par le feu d'un Lituanien de vingt ans, Roman Kalenta pour protester contre les persécutions dont l'Eglise catholique est l'objet en 1972. Thupten Ngodup, Tibétain s'est aspergé d'essence en mai 1998 en criant «Vive le dalaï-lama, vive le Tibet» à New Delhi. En mars 2008, Zin Kyaw Naing 26 ans s'immole à la pagode Shwedagon de Rangoon, en Birmanie, en signe de protestation contre la junte au pouvoir. 

C'est macabre, je peux pas dire le contraire. Mais c'est réel. Ca arrive, là. Ca fait un peu peur. On voudrait que ça s'arrête.

« Merde. Vous ne pouvez pas reproduire l'étincelle en copiant la méthode. Arrêtez de vous immoler. »

Dit un tunisien.

Puis j'ai compris sans toucher : l'immolation par le feu, c'est une "mélancolisation du lien social"