Le jasmin a fleuri

Le jasmin a fleuri
Bien plus durablement
Toute la Tunisie
S’en embaume longtemps.
Son parfum capiteux
A grisé les esprits
Du plus jeune au plus vieux
Réinvente la vie.
Une chape de plomb
Se désintègre encore
Dessous l’exhalation
Des effluves retors.
Le parfum a surpris
Le servile maton
Déjà s’ouvrent sans bruit
Les portes des prisons.
La douce émanation
En onguent sanctifié
Panse les afflictions
Des tissus torturés.
La fragrance infinie
Lénifie l’air ambiant
Atténue les phobies
Des miliciens tyrans.
Elle embaume le cœur
Des polices sectaires
Gratifie les censeurs
De nouveaux caractères.
C’est l’explosion des mots
Sur les papiers fleuris
Le printemps des journaux
Après la longue nuit…
Comment quelque âme grise
N’a pu sentir l’arôme
Qui agitait la brise
Des précieux droits de l’homme ?
Quel revers olfactifNe mit point au parfum
Nos brodeurs de poncifs
Sur l’essor du jasmin ?
Une essence tenace
Remue la liberté
Délivrée des menaces
Des milices armées.
Des relents d’occidents
En guirlande imprimée
Portent l’évènement
Du pays étranger.
La Méditerranée
Réunit ses rivages
Un canard enchainé
Ainsi, gagne Carthage.
Le jasmin a fleuri
Et déjà la senteur
Gagne d’autres pays
Qui aspirent au bonheur...