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La femme est-elle vraiment l’avenir de l’homme… suite

Publié le 24 janvier 2011 par Reinach

Jeudi 30 décembre 2010 22h

Portant un magnifique plateau de fromages en bois d’olivier dont les veinures du bois expriment le temps, les années à se développer, les méandres de l’effort à pousser vers le ciel avec force et splendeur, il revint ayant le pas alerte ayant glissé un livre sous son bras gauche.

Tiens ! Me dit-il, toujours joyeux, me rappelant les 4 éléments clés d’un épicurisme réfléchit, « on ne doit pas craindre les dieux, on ne doit pas craindre la mort, le bien est facile à atteindre, on peut supprimer la douleur ».

Sent ces fromages mon ami ! Du chèvre, du vrai, directement du producteur. Sent cette odeur de campagne, de cave, de fraîcheur !

Vas-y, sers-toi et reprend du vin !

Je te parlais tout à l’heure du livre de Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales. Je vais te lire un extrait qu’elle a elle-même extirpé d’un autre livre du 12ème siècle, le Traité de l’amour d’André le Chapelain.

Écoute bien ceci !

« Je tiens pour certain que tous les biens de cette vie sont donnés par Dieu pour faire votre volonté et celle des autres dames. Il est évident et pour ma raison, absolument clair que les hommes ne sont rien, qu’ils sont incapables de boire à la source du bien s’ils ne sont pas mus par les femmes. Toutefois, les femmes étant à l’origine et la cause de tout bien, et Dieu leur ayant donné une si grande prérogative, il faut qu’elles se montrent telles que la vertu de ceux qui font le bien incite les autres à en faire autant; si leur lumière n’éclaire personne, elle sera comme la bougie dans les ténèbres (éteinte), qui ne chasse ni n’attire personne. Ainsi il est manifeste que chacun doit s’efforcer de servir les dames afin qu’il puisse être illuminé de leur grâce; et elles doivent faire de leur mieux pour conserver les cœurs des bons dans les bonnes actions et honorer les bons pour leur mérite. Parce que tout le bien que font les êtres vivants est fait par l’amour des femmes, pour être loué par elles, et pouvoir se vanter des dons qu’elles font, sans lesquels rien n’est fait dans cette vie qui ne soit digne d’éloge ».

Quand penses-t, Didier?

- il faudrait que je le lise lentement et attentivement pour bien l’intégrer car comme vous le savez, on ne retient que ce que nos canaux et nos émotions veulent bien laisser passer. Ceci dit la phrase qui m’interpelle le plus est celle-ci :  » chacun doit s’efforcer de servir les dames afin qu’il puisse être illuminé de leur grâce ». Outre le romantisme qui m’interpelle et cette croyance que j’ai dans la dynamique du couple et le rôle de la femme dans notre société, on y retrouve là le principe de l’effet pygmalion. Pygmalion dont Ovide s’est inspiré, si j’ai bonne mémoire. J’aime bien aussi la dernière phrase :  » Parce que tout le bien que font les êtres vivants est fait par l’amour des femmes, pour être loué par elles, et pouvoir se vanter des dons qu’elles font, sans lesquels rien n’est fait dans cette vie qui ne soit digne d’éloge ». Cela vient bien supporter votre vers de Louis Aragon :

« L’avenir de l’homme est la femme
Elle est la couleur de son Ame
Elle est sa rumeur et son bruit
Et sans Elle, il n’est qu’un blasphème »

On peut voir cela sous cet angle effectivement Didier, Il est certain que le texte est riche d’informations.
Il semblerait effectivement qu’il soit inspiré du texte d’Ovide sur « L’art d’aimer ». Et comme tu le constates toi-même, en philosophie, au travers des âges, bien des choses évoluent mais l’essentiel demeure par dessus tout. Comme on dirait mathématique, les constantes et les variables.

Expurge la notion de Dieu dans le texte d’André le Chapelain, peut-on dire en synthèse que lorsqu’une femme est complétement femme, lorsqu’elle possède la confiance en elle et donc le lâché prise, quand elle possède la philosophie et la grandeur d’âme, la séduction et l’expression, elle a tous les honneurs et les hommes à ses pieds ?

Mon expérience me dit que lorsqu’elles chassent, elles ne peuvent ramasser que des proies, quand elles veulent dominer elles n’attirent que des soumis, mais là n’est pas mon propos. Si tu compares cela avec la notion du leadership, tu t’aperçois qu’un ou qu’une vraie leader possède ces talents.

Les vrais leaders n’ont pas besoin de penser à plaire en permanence, les vrais leaders n’ont pas besoin d’orchestrer leur séduction ni de chercher à se mettre en avant ou à faire parler d’eux sans cesse. Ils n’ont pas besoin de soumettre et de s’ingérer partout.

En synthèse, les vrais leaders n’ont pas besoin de gérer leur domination et les femmes qui ont pris conscience de leurs talents, tel que je les énumérai précédemment, possèdent naturellement et de façon intrinsèque tous les attributs d’un vrai leadership.

Dans le monde où nous sommes actuellement, dit-il en regardant en direction du plateau de fromages sans pour autant le distinguer, nous sommes face à la mort prochaine d’une forme de capitalisme exubérant et à la mort certaine des partis de gauche. La place est bientôt libre pour une nouvelle forme de politique, sauf si cette place qui se libère est prise par un dictateur.

- ce que j’entends dans ce que vous dites est qu’il est l’heure de créer un nouvel idéal politique. Un nouveau leadership ?

Exactement ! S’exclama-t-il en se redressant vivement, un formidable défi nous attend ! Qu’en penses-tu Didier ?

- je partage votre opinion, et rassemblant mes idées pour essayer de les mettre dans un ordre cohérent je lui dis,

Je partage votre opinion sur le fait que les femmes ont un rôle capital à jouer dans la création d’un nouveau leadership, bien qu’il me semble que bien des hommes soient aussi dans cette mouvance. Certes nous en sommes d’accord, les vrais leaders, hommes comme femmes sont souvent inconnus et les médias nous présentent bien plus des tribuns charismatiques que de vrais leaders.

Il y a aussi une autre analyse que je fais et vous me direz si je m’égare.

Je le voyais alors prendre le temps de déguster son chèvre favori, un sainte maure cendré bien à cœur qu’il laissait fondre dans sa bouche…

Vas-y je t’écoute ! me dit-il…

Mes idées foisonnaient et je me lançai ainsi :

Je crois que nous payons en ce moment le manque de vision total de nos politiciens, leur lâcheté et leur inculture chronique. Il n’y a plus de débats d’idées, de créativité, de propositions intelligentes et surtout ils n’ont pas compris l’évolution de la communication, les besoins de la population, le sens indispensable d’une forme de pédagogie pour échanger avec le plus grand nombre. Ils ont des discours d’une pauvreté pathétique et aucune vision d’avenir autre que quelques données économiques et une incompétence sociale caractérisée. Ils ont peur des syndicats qui eux ne possèdent plus qu’un seul credo, la démagogie et l’absurdité économique et sociale.

Il en va de même de la bêtise, de l’absurdité et de la lâcheté dans un grand nombre d’organisations publiques ou privées, jeux de pouvoir, copinages, bidouillages, gestion à très court terme, défense de ses intérêts personnels bien avant ceux du collectif et j’en passe !
A l’intérieur de ces organisations, les plus brillants, hommes ou femmes, ceux qui pensent, qui posent des questions, qui veulent faire évoluer les choses sont souvent mis sur la touche. Cela me rappelle une chanson de Guy Béart, la Vérité

mais bon ! Le plus grave me semble-t-il, ajoutai-je avec une certaine ferveur, c’est la pauvreté de la pensée, la presque incapacité des gens à penser, à analyser, à comprendre au delà des fausses croyances mercantiles. Nous sommes dans l’absence, le vide, l’absence de sens, le vide des croyances, un désert de réflexion, un niveau de bêtise abyssal.

Essayé de parler d’éthique, de moralité, d’exemplarité, de culture, de leadership avec certains dirigeants et ils vous rejettent immédiatement.

Tous ces sujets dérangent, remettent en cause, obligent à réfléchir, obligent à regarder, non pas la vérité, car la vérité chacun se la fabrique à son goût, mais la réalité.

C’est vrai que les femmes gagnent du terrain en matière de réflexion, d’éducation, de pensée, de débat. 60% d’entres-elles contre 40% pour les hommes sont à l’université. Ce n’est qu’un début… Est-ce triste pour les hommes ? Tant pis pour eux !
Quand ils auront fini de se regarder le nombril, lorsqu’ils lèveront la tête et qu’ils s’apercevront qu’ils ne possèdent plus que des vestiges et des ruines de leur utopique pouvoir phallique, il sera trop tard ! Ils seront obligés de faire face à la réalité, d’embaucher des femmes, d’accepter leur vision, de reconnaître leur talent de se confronter à elles et là, je pense qu’ils ne sont pas prêts.
Je dois dire que j’attends même avec impatience le jour ou les investisseurs et les actionnaires leur confieront les postes clés.
Puis marquant une pose, j’en profite pour avaler à mon tour ce fromage délectable en l’accompagnant de vin non moins délicieux.

Il en profita alors pour prendre la suite.

En fait si je te rejoints, Didier, mon constat est que notre plus grand déficit vient de la défaillance totale de notre système d’éducation. Là, à ce stade, dans ce domaine, tout est à revoir, tout est à repenser. Nous sommes face à une désertification de l’individu. Nos structures développent l’ignorance, le mépris et elles vident les personnes de toute capacité de se développer.

- je suis d’accord, repris-je aussitôt. Bien des personnes en difficultés psychologiques ne possèdent pas les moyens d’exprimer leur mal être, elles n’ont pas les capacités à raisonner, certaines même ne possèdent pas les mots et le vocabulaire pour donner du sens à leur vie !

Je constate dans les entreprises, avec les départs à la retraite des baby-boomers, que leurs remplaçants, même correctement diplômés, ne sont que d’excellents techniciens. Ils n’ont pas les moyens d’être des leaders qui motivent, qui impliquent, qui passionnent. Ils n’ont aucun sens de la confrontation, du débat, de la créativité. Ils n’ont jamais réfléchi sur leurs valeurs et leur éthique, sur le sens de leurs responsabilités. A peine en poste ils résonnent en pouvoir et en logique mathématique. Remarquez, ajoutai-je, on ne saurait les blâmer, l’école et les universités les ont coupé de toutes ces possibilités intellectuelles.

Tiens, si vous le permettez, faisons un exercice de créativité !

Comment fonder une nouvelle éducation ?

Je te suis, Didier, et pliant sa serviette sur la table indiquant par la même que le souper était fini, il se leva et, je te propose un bon cigare au salon, nous allons disserter là dessus.

à suivre…

Didier Reinach


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