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Un problème nommé école

Publié le 24 janvier 2011 par Hmoreigne

 Avec la suppression des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire, le gouvernement de façon symbolique souhaite marquer son empreinte sur la question de l’éducation nationale. Derrière l’écume des vagues, c’est de toute la remise à plat du système éducatif qu’il faut parler. Comme aime à le rappeler François Hollande, si l’école a réussi le pari de la massification, elle a raté celui de la démocratisation de la réussite. S’y ajoutent un niveau général en baisse et des diplômes souvent inadaptés au marché du travail. Le constat est sévère mais le problème est réel. Ces mauvais résultats sont surtout inacceptables au regard de la part de la richesse nationale consacrée à l’éducation nationale.

Depuis des décennies notre système éducatif va dans le mur et les gouvernements successifs semblent bien incapables de corriger la trajectoire. Il est vrai que la succession hallucinante du nombre de ministres de l’éducation nationale conforte par une absence de gouvernance un mammouth livré à lui-même.

Plus une administration est obèse numériquement, plus elle est difficilement réformable. Même l’éléphant Allègre s’y est cassé les défenses.

Si les solutions préconisées par Luc Chatel sont sujettes à discussion, le postulat de base qu’il pose est plein de bon sens. L’éducation nationale doit faire sa révolution culturelle et en finir avec l’idée que l’amélioration de son fonctionnement passe obligatoirement par des moyens supplémentaires. Au moment où le pays est amené à se serrer la ceinture, il convient de veiller à ce que chaque euro dépensé le soit à bon escient.

Avec un budget sans d’un peu plus de 60,5 milliards d’euros, l’éducation nationale ne peut et ne doit se soustraire à un examen attentif de son fonctionnement. Il ne s’agit aucunement de cautionner la méthode brutale choisie par le gouvernement qui pose le principe idiot par son automaticité de la suppression d’un fonctionnaire sur deux, sans faire l’effort d’aller voir au plus près, les conséquences d’une telle décision.

Luc Chatel justifie les suppressions de postes dans l’Education nationale par le fait que nous aurons à la rentrée 2011, 35 000 enseignants de plus que dans les années 1990 alors que dans le même temps, il y aura 540 000 élèves de moins essentiellement dans le primaire. Des chiffres globaux qui cachent de fortes disparités locales.

Là où le ministre soulève une vraie question, c’est quand il déclare au micro d’Europe 1 que, « depuis 25 ans nous avons fait fausse route en matière de politique éducative par ce que, dès qu’il y avait un problème dans l’éducation, la seule réponse, c’était d’augmenter le nombre de postes et d’augmenter les moyens ».

Avec raison Luc Chatel estime que la France n’a pas de résultats à la hauteur des moyens consacrés à l’éducation de sa jeunesse. Il faut bien en convenir, les performances de notre système éducatif sont médiocres et se situent dans le ventre mou des pays de l’OCDE.

Rappelons les chiffres. Le coût d’un collégien s’élève chaque année à 7401 euros. Entre 1990 et 2004, ce coût annuel moyen a augmenté de 33%. Pour un lycéen, la facture se monte à 10.000 euros par an soit, un tiers de plus que la moyenne des pays de l’OCDE. Au même moment, en 2007, le Haut Conseil de l’Education pointait la spirale infernale de l’échec en relevant que quatre écoliers sur dix qui sortent du CM2 avec de graves lacunes et que seulement un collégien sur quatre a effectivement le niveau requis en fin de collège. Et les choses ne se sont pas améliorées depuis.

Tous ces éléments constituent un pain béni pour le ministre de l’éducation nationale qui a beau jeu de déclarer que, « la quantité n’est pas la réponse aux problèmes du système éducatif ». On objectera que si Luc Chatel voit dans l’incapacité du système à être réactif, à avoir une solution au bon endroit au bon moment, l’une des raisons au naufrage actuel, il ne dépasse pas le stade du constat pour proposer des solutions correctrices.

De fait, le délitement de notre système éducatif est tel, qu’en caricaturant les choses, on peut estimer qu’en un siècle, on est passé dans des cas qui restent marginaux mais hautement symboliques, d’un corps d’enseignants composé de hussards noirs de la république, à des francs-tireurs partisans qui s’exonèrent quand ils le souhaitent des directives nationales, sous prétexte qu’ils ne les partagent pas. Étrange esprit d’une soi-disant « résistance » qui constitue plutôt une gangrène de l’incivilité pour des pédagogues qui s’étonneront dans le même temps de l’érosion du respect de leurs élèves à leur égard.

Le toujours plus des syndicats pose en filigrane un double problème. D’une part celui de la formation délicate des nouveaux enseignants et, d’autre part la question taboue du temps de travail. Car si les enseignants s’estiment mal payés ils ont peu d’heures de cours mais bénéficient de nombreux congés, ce qui ne les empêchent pas de renâcler pour effectuerdes heures supplémentaires malgré leur défiscalisation.

Tous les maux qui touchent notre système éducatif, pilier essentiel de la méritocratie républicaine, laissent à penser qu’après tout, pour paraphraser Clémenceau, l’éducation est une chose trop sérieuse pour la laisser aux mains des enseignants.

C’est bien d’un nouveau pacte avec son système éducatif dans la nation a besoin mais celui-ci ne doit pas être le fait d’un ministre éphémère mais, s’intégrer pleinement dans un projet présidentiel lisible, clairement exposé à l’occasion des échéances de 2012.

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