J’habite en Gaule. Un tout petit village d’irréductibles en Septimanie où la résistance pour la liberté de fumer s’organise.
Le bistrot du centre est le point de rendez-vous de ceux qui souhaitent une mort lente et douloureuse. Ils sont comme moi, pas pressés.
Le patron, un type qui n’a pas la langue dans sa poche, s’est déjà mangé deux amendes. Sur dénonciation de bons citoyens à tendance vichyssiste.
Avec son accent d’Oc, il t’explique « Je les emmerdeuh, ici, c’est chez moi. Je fumeuh si je veux. Et mon client, il est roi».
On joue au billard, au flipper, à la belote de comptoir, ça rigole, c’est un vrai bistrot, un zinc, ça gueule, ça boit et ça fume, ça discute, ça s’interpelle, ça joue aux courses, le tout dans une bonne vieille ambiance enfumée comme.... autrefois. C’est chaud. C’est une zone qu’on devrait protéger. Voire inscrire au patrimoine de l’Unesco. Une zone où un air de liberté plane encore. Un lieu où le lien social n’explose pas au moment où on sort se geler les miches sur le trottoir pour s’en griller une, fissa fissa.
Du coup, on y reste, au bistrot. On consomme. Le patron est content. Ya toujours du monde chez lui. Son chiffre d’affaire n’a pas baissé. Tant mieux. ça lui permet de payer ses amendes.
Enfin vous savez ce que j’en pense...
Fanny Lesguillons