Je ne peux que vous conseiller d’aller voir « même la pluie ».
C’est l’histoire d’un film réalisé en Bolivie où l’équipe de tournage se mêle à la population locale, où les idéaux bien pensants de notre société rencontrent la réalité de la vie, au-delà de nos frontières, et surtout où l’humanisme tel qu’on le perçoit percute de plein fouet les intérêts de chacun.
Sébastian (le très caliente Gael Garcia Bernal) réalise l’œuvre de sa vie – un film : l’histoire d’un religieux se rebellant contre l’extermination des Indiens du temps de Christophe Colomb (passionnant hein?!). Pour ce faire, il a besoin d‘acteurs «Indiens » et se rend donc en Bolivie avec un mini budget, son équipe et son producteur, Costa (Luis Tosar), tout content d’exploiter la population locale pour 2 dollars. Le problème, c’est que c’est la vraie misère pour les locaux, qu’il n’y a plus d’eau (enfin y en a, mais une société leur a coupé, question de $) et qu’ils sont à deux doigts de lancer une révolution.
Les personnages seront donc en proie à des conflits personnels, entre ce qui est bien pour eux et ce qui est bien tout court – et parfois le fossé est grand. D’ailleurs, une scène dans l’Hotel de ville où tout le monde boit sa coupette, pendant que, dehors, la révolution se met en marche, est juste magnifique.
Mon seul regret ? Que les personnages soient un peu trop ménagés et que le film ne s’engage pas plus. Le jeune réalisateur avec ses idées de Bisounours, qui se fiche bien de savoir combien sont payés les locaux pour intervenir dans son film et qui pourtant continue de s‘offusquer devant les injustices dont souffrent les gens, apparaît trop excusable (« nous c‘est pas pareil, on n‘a pas de budget » qu‘il dit); le producteur, quant à lui, qui se fait une fête d’économiser sur le dos de pauvres gens et qui se rend compte que l’autre, finalement, c’est un homme comme un autre, avec le droit de vivre, je trouve ça un peu facile.
Néanmoins, j’aime la réalisation superposant à la fois l’avancée du film, produit par les héros (donc à l’intérieur du film), avec l’histoire (vous me suivez), mais aussi le fait que les deux histoires se chevauchent thématiquement, avec pourtant 500 ans d’écart – c‘est le côté déprimant.
Comment ? On ferait encore un genre d’esclavage de nos jours ? On serait prés à sacrifier l’autre pour son petit confort ? Après si on était tous des gens bien, la notion de héros n’existerait plus hein?!
En conclusion, ce film m‘a plu, il questionne beaucoup et met aussi le moral à zéro (oui, on pleure un peu… ) car on constate (une fois de plus) que l’homme est effectivement une source de contradictions qui l’arrangent… Heureusement – et c’est la note finale me semble t’il-, l’espoir réside dans le fait que, le moment venu, l’Homme fera peut être le juste choix et non pas le choix qui l’arrange.