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Du désir, du temps qui passe, et des abricots secs

Publié le 22 janvier 2008 par Tatiana Yansor

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Today, je vais vous parler de  trois maisons d’édition qui méritent un grand coup de pouce. Et trois auteurs qui le méritent aussi.

Nathalie Cachin publie « Les trophées de Constance & autres objets de désir » aux Editions Le Bord de l’Eau.  Des nouvelles. On dit que les nouvelles n’ont pas de public en France, je me suis toujours insurgée contre cette injustice idiote. Dix huit nouvelles sur le désir. « Tout vrai regard est un désir » dit Alfred de Musset en exergue ce cet ouvrage. Des instants surprenants qui font naitre le désir. La réunion de parents d’élèves. Le manuscrit cru et violent sur une clef USB. Le choc de deux caddies au supermarché. Un soir de garde, à l’hôpital, le désarroi d’un jeune médecin. Un amour de vacances, une histoire d’un soir, un fiancé piqué à une autre, la voix d’un journaliste à la radio, la nuit. Un adultère sur Second Life, un fils à maman trop beau, une rencontre furtive dans une salle de cinéma. Nathalie Cachin raconte le désir par petites touches précises avec une sorte d’élégance contemporaine qui parlera à beaucoup de femmes. Et sans doute à beaucoup d’hommes, aussi.

Autre univers avec Jean-Paul Michallet et « La vie rêvée de Dario Moreno », aux Editions Laurence Teper. Impossible pour moi de résister à un livre qui a sur la couverture, Morning Sun, de Hopper. C’est une longue conversation entre un couple, deux personnes âgées, qui ont « presque trop vécu ».  Ils attendent leurs enfants à déjeuner, mais les enfants sont en retard. Alors en attendant, ils parlent.  Leurs voix se mêlent, leurs souvenirs aussi, les joies et les peines. Ce qui aurait pu se faire et qui ne s’est pas fait, et pourquoi.  Il faut lire ce texte comme on lirait un long poème en prose, par petits bouts qu’on savoure.

Un univers poétique, nostalgique, sur le temps qui passe, et le temps qui nous reste.

Le troisième livre est un premier roman, celui de Gilles D. Perez, « Le goût des abricots secs », aux éditions du Rouergue, qui est sûrement la maison la plus connue de ceux que je viens de vous citer. (Très jolie couverture aussi. Quand on reçoit cinq ou six livres par jour, la couverture, c’est important. Celles qui plaisent, celles qui attirent le regard, peuvent faire qu’on lira un livre plus vite qu’un autre, avant un autre.) Voici le portrait de deux hommes, un octogénaire mélomane qui aime Schumann, et un jeune homme solitaire. Ils habitent le même palier, 4° étage du bâtiment B. Les cloisons sont minces. L’immeuble se fissure. Il pleut tout le temps.  Tous les habitants ont été expulsés, sauf le jeune homme et le vieux monsieur qui sont tous les deux comme les rois d’un empire qui s’effrite. Un roman intense, à la fois doux et amer, sur les fantômes de l’amour.


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