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Pourquoi les gays s’hétéronormalise ?

Publié le 28 janvier 2011 par Rsada @SolidShell

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Je ne doute pas que ce titre me fera porter au bûcher en hérétique homosexuel et qu’il provoquera au sein de la dite communauté -bien virtuelle- de bien vilaines pensées.

Pourtant, mes Pairs, je vous appelle ici à ne point vous démunir de votre capacité d’autodérision pour faire de cette affirmation un constat salvateur d’évolution de notre espèce qui, je vous rassure, n’est point en grand danger de disparition !

Non mes Pairs, les Gays ne sont plus ce qu’ils étaient et je viens ici, de par devant vous, vous en apporter quelques preuves glanées au gré de conversations controversées, d’observations bien appliquées et de lectures bien calquées.

Mon instinct primitif, railleur et parfois outrancier m’a obligé à faire tomber les interdits, lever les incertitudes et rendre incohérentes les nombreuses idées reçues. Deux faits s’imposent : les défenseurs du principe « hors milieu » se leurrent (au mieux) ou sont d’odieux menteurs (au pire), ainsi que les nouvelles tendances d’une mode homosexuelle qui se confond désormais à celle de l’Homme Moderne dénommé parfois « gendre idéal ».

Le Gay new age s’affiche de moins en moins. Il ne revendique guère comme autrefois et ne considère plus la Gay Pride comme une seconde Fête Nationale. C’est une occasion de croiser quelques copines venues s’encanailler dans la Capitale.

Le Gay subi de plein fouet la crise. Sa méchante manie de s’approvisionner dans les magasins les plus chers est passée, il est contraint désormais de se réfugier dans les hypermarchés ou autres ventes privées pour maintenir un train de vie qui lui permettra de passer cette funeste période. En soirée uniquement et habillé en tenue de camouflage de peur d’être reconnu.

De même, le Gay renonce à passer ses économies dans des heures de bronzage artificiel qui en plein hiver, et à Paris de surcroit, relève du ridicule ou d’une fâcheuse imposture climatique. Le tain Doliprane reprend de la vigueur.

Le Gay se surprend à redécouvrir qu’un homme, un vrai, accepte ses poils parfois comme un signe de virilité avancée et non comme une vilaine non-conformité qu’il faille absolument chasser. Le torse bien fourni s’exhibe sans pudeur mais toujours sans chaine « en or qui brille ». Il accepte même d’afficher une barbe voulue drue et entretenue. L’épilation au laser est hors sujet et il devient socialement acceptable de s’offrir des séances « à la cire » ou à « l’épilateur électrique » entre amis.  

Le Gay est soulagé –en secret- de constater que les grèves l’empêchent d’assister au concert de l’année (entendez celui de Lady Gaga). Il est fauché –comme les autres- et l’excuse d’un voyage à Mykonos ou à Barcelone peut paraitre aisément inconvenante. 

Le Gay, érudit de la première heure, a bien compris que pour exister dans cette nouvelle société, ses connaissances ès « Madonna », « Lady Gaga » ou « Qui veut épouser mon fils » ne lui assure plus l’écho attendu. Son nouveau crédo est durable….il est devenu écolo et donc imbattable sur l’éco-blanchiment !

Dernier point : le Gay aime se sentir en sécurité. Comme par surprise, il a découvert que d’autres formes de vies existent en dehors des limites qu’il s’était lui-même imposées. Oui mes Pairs, la servitude de passage a été abolie de longue date et il n’est point nécessaire de se munir de son Passeport ou d’un vaccin anti-tétanos pour découvrir Bastille ou se rendre dans le 19ème arrondissement !

Mais le Gay canal historique n’a pas encore dit son dernier mot et il entend résister. Quelques indices en forme de foyers de résistance s’affichent au plus grand déplaisir de certains :

  • La taille des sacs n’a plus rien à envier à celui des dames. Ils sont de plus en longs et de plus en plus larges.
  • Le débardeur est encore porté en toute circonstance et en toute saison,
  • Le rendez-vous au Club Med Gym demeure incontournable malgré les campagnes d’informations qui précisent qu’il n’a pas pour vocation à être un lieu de rencontres, 
  • Le taux de crânes rasés est au moins dix fois supérieur chez les Gays qui se refusent à voire dans les implants capillaires un placement qui leur assurera un rendement effectif sur le long terme,
  • Les lunettes de soleil se portent été comme hiver, les modèles « moustique » ou « maya l’abeille » sont en vogue,
  • Même fauché, le Gay tient à assurer une présence dans tous les lieux où il a droit de Cité. Pour rien au monde il ne ratera l’Happy dans son bar préféré, même s’il lui faut pour cela amener sa propre consommation ! Les plus inspirés auront pris soin d’enregistrer leur émission préférée qui alimentera ses conversations en société.

En conclusion, le Gay moderne est en voie d’hétéronormalisation. Le Gay moderne s’engage, s’affirme et comprend qu’il est devenu essentiel de vivre avec les autres, pas à côté des autres. Il cultive sa différence, ses différences, mais sous forme additionnelle et complémentaire au reste de la société. Le Gay a grandi et c’est terriblement rassurant. Etre Gay c’est aussi être un citoyen et un français comme les autres…et ça fait terriblement du bien.

A la manière de David Cronenberg : « La normalité est une expérience plus extrême que ce que les gens veulent communément admettre ».   


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