Au détour d'un rayon du supermarché, je les croise. C'est monsieur qui pousse le caddie. Il ne doit pas avoir plus de 20 ans. Madame, quant à elle, le suit d'un pas lent. Elle tient contre sa poitrine une couverture. Elle me semble bien jeune pour avoir un enfant, mais je ne la juge pas. On devine que le nouveau-né, bien emmitouflé, doit avoir chaud. Je ne distingue rien, mais vu la taille, je ne lui donne pas un mois. Ce lien qui unit un bébé et sa mère est touchant. Cet instinct de protection naturel, geste inné, m'émeut.
Je continue mes emplettes, et fonce d'un pas rapide à la caisse. En déposant mes articles sur le tapis, je me tourne pour voir qui est derrière moi. Ce sont eux, les jeunes parents. Ma curiosité (malsaine ?) me pousse à poser un regard sur ce nourisson, toujours lové dans les bras de sa génitrice, objet de tant d'attention et d'affection.
J'esquisse un sourire pour cacher mon indiscrétion. La jeune mère me sourit à son tour. Je me penche doucement vers le plaid. Elle se tourne vers moi, et là, je le distingue pleinement.
DIANTRE !
C'est un chiot !!!
Vite, il faut chercher un truc à dire, un truc intelligent, compréhensible, en phase avec la situation.
- Ooooh !
C'est tout ce que j'ai su sortir. Un "Oh" qui touche plutôt vers le "Ah" !
Je me ressaisis.
- Il a quel âge ?
- un mois. Il a été abandonné par sa mère, je le nourris au biberon.
Puis elle enchaîne sur des détails plus intimes, les nuits difficiles, les biberons la nuit, les insomnies, etc. Monsieur m'explique qu'ils sont bien organisés, se relaient à tour de rôle, mais que la fatigue est là quand même.
Mon tour est arrivé, je paye, j'emballe mes courses, et je leur dit au revoir.
Entre temps, le "petit" s'est rendormi.
Et je me sens bien idiote, sur ce coup...
La curiosité est-elle donc bien un vilain défaut ?test