Magazine Politique
On dit que les souvenirs de la prime enfance sont des reconstructions faites a posteriori. Des souvenirs trop beaux pour être vrais. Mon premier souvenir est antédiluvien et il m'a toujours beaucoup plu. C'est à l'école primaire puisque je me souviens de la grande vasque ronde où nous nous lavions les mains. C'est jour de grève et il n'y a presque personne. Il y a là une petite fille et nous jouons à nous poursuivre en faisant le tour de la vasque. Ma mère et l'institutrice bavardent contre un mur et nous observent. La maîtresse dit alors quelque chose du genre "c'est mignon, ces deux là vont très bien ensemble". En entendant cette affirmation, je stoppe net ma course circulaire, vexé de je-ne-sais-quoi. Ce souvenir est trop gay pour être honnête, mais depuis ce temps-là j'ai arrêté de courir après les filles.