Aujourd'hui dimanche chrétien, est lu lors de la liturgie le Tehilim (Psaume) 145, 7-10, parlant de ceux que D.ieu protège.
Ceux que D.ieu protège sont les opprimés, les affamés, les enchaînés, les aveugles, les accablés, les étrangers, les veuves et les orphelins. En fait tous ceux que les hommes ignorent ou méprisent.
Quand le peuple d'Israël chante ce tehilim, c'est sa propre histoire qu'il raconte et il rend grâce pour la protection indéfectible de D.ieu.
Les enfants d'Israël ont connu toutes ces situations, l'oppression en Égypte, dont D.ieu nous a délivré "à main forte et à bras étendu", et aussi l'oppression à Babylone et, là encore, D.ieu est intervenu.
Ce tehilim, a été écrit après le retour de l'Exil à Babylone, peut-être pour la dédicace du Temple restauré.
Le Temple avait été détruit en 587 avant notre ère par les troupes du roi de Babylone, Nabuchodonosor.
Cinquante ans plus tard en 538 avant notre ère, quand Cyrus, roi de Perse, a vaincu Babylone à son tour, il a autorisé le peuple juif en captivité à Babylone, à rentrer en Israël et à reconstruire son Temple.
La dédicace de ce Temple rebâti a été célébrée dans la joie et dans la ferveur. Le livre d'Esdras raconte "Les fils d'Israël, les prêtres, les lévites et le reste des déportés firent dans la joie la Dédicace de cette Maison de D.ieu" (Esdras 6, 16).
Ce tehilim est donc tout imprégné de la joie du retour au pays.
Une fois de plus, D.ieu vient de prouver sa fidélité à son Alliance, Il a libéré son peuple. Quand Israël relit son histoire, il peut témoigner que D.ieu l'a accompagné tout au long de sa lutte pour la liberté, "Le Seigneur fait justice aux opprimés, le Seigneur délie les enchaînés".
Israël a connu la faim, aussi, dans le désert, pendant l'Exode, et D.ieu a envoyé la manne et les cailles pour sa nourriture, "Aux affamés, il donne le pain".
D.ieu, systématiquement, prend parti pour la libération des opprimés, pour la nourriture des pauvres.
D.ieu ouvre les yeux se révélant progressivement par ses prophètes, depuis des siècles.
Ce tehilim est un chant de reconnaissance.
Le nom "Seigneur" est dit sept fois dans ces trois versets.
Il traduit le Nom de D.ieu, révélé à Moshe Rabbenou au Buisson ardent, les quatre lettres "YHVH" qui disent la présence permanente, agissante, libératrice de D.ieu à chaque instant de la vie de Son peuple.
"Le Seigneur est ton D.ieu pour toujours", c'est l'Alliance "Vous serez mon peuple et je serai votre D.ieu". Cette Alliance à laquelle D.ieu n'a jamais failli.
Et la prière d'Israël est toujours tendue vers l'avenir, elle n'évoque le passé que pour fortifier son attente, son espérance.
D'ailleurs quand D.ieu avait dit son nom à Moïse, il l'avait dit de deux manières, en lui donnant le tétagramme "YHVH" que nous traduisons par "le Seigneur" mais Il avait commencé en disant qu'Il est "Ehiè asher ehiè" qui se traduit à la fois par un présent "Je suis qui je suis" et par un futur "Je serai qui je serai".
Sa présence est permanente et pour toujours auprès de notre peuple.
Le futur, "pour toujours" vise aussi à fortifier l'engagement de notre peuple à Le servir.
D.ieu a agi avec amour envers Israël, celui-ci doit en faire autant pour les autres.
Tous les exclus ne connaîtront l'amour que D.ieu leur porte qu'à travers le comportement de ceux qui en sont les premiers témoins, le peuple d'Israël.
D.ieu mène inlassablement son peuple, et à travers lui, l'humanité tout entière, sur un long chemin de libération.
Quant aux prophètes, c'est principalement sur l'attitude par rapport aux pauvres et aux affligés qu'ils jugeaient de la fidélité d'Israël à l'Alliance.
Les rappels à l'ordre des prophètes portent majoritairement sur deux points, la lutte acharnée contre l'idolâtrie, d'une part, et les appels à la justice et au souci des autres, d'autre part.
Jusqu'à oser dire de la part de D.ieu, "C'est la miséricorde que je veux et non les sacrifices, la connaissance de D.ieu et non les holocaustes" (Hochéâ (Osée) 6, 6).
Dans le livre du Siracide il est dit que "les larmes de tous ceux qui souffrent coulent sur les joues de D.ieu".
Si nous aimons D.ieu, elles devraient couler aussi sur nos joues.