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Verdir l’économie, jaunir les citoyens

Publié le 30 janvier 2011 par H16

Les prochaines semaines s’annoncent tendues. Certes, d’après Gaston Christine Lagarde, la crise des dettes souveraines est derrière nous, et les sourires se font moins crispés ; on entend même, dans le fond, le « pop ! » caractéristique du Champagne qu’on ouvre pour détendre l’atmosphère. Il n’en reste pas moins que les prix des matières premières flambent. Il va falloir trouver un truc pour faire passer la pilule…

Il y a en effet une chose que nos élites ont bien intégré : lorsque la nourriture est plus chère, ça exaspère rapidement les honnêtes gens. Par exemple, ça fait gargouiller les ventres des Tunisiens et des Egyptiens, ce qui est très mauvais pour le tourisme et l’agenda – déjà chargé – des dictateurs honorables leaders de ces pays.

On comprend donc que d’autres dictateurs démocrates charismatiques, comme les Chinois, mettent en place quelques précautions sanitaires de base pour éviter un éventuel débordement qui ruinerait la saison hivernale.

En France, la pénurie est encore très loin : malgré un non-travail de fond méticuleux d’une certaine quantité de branleurs CGT dans les rares ports français encore en activité, on a toujours du pétrole, et surtout, on a aussi des idées pour attendrir la couenne du moutontribuable lorsqu’il s’agira de lui serrer la ceinture.

C’est ainsi que le Centre d’Analyse Stratégique nous prépare, grâce à son dernier rapport, à nous la jouer Soupe Aux Cailloux, Flûtes en Roseau et Elevage de Chèvre Bio-Compatible.

Pour rappel, le Centre d’Analyse Stratégique est l’une de ces innombrables émanations du gouvernement, payé avec de l’argent gratuit trouvé dans vos poches, et, dans le cas qui nous occupe, destiné à fournir une aide à la décision de nos dirigeants.

En soi, c’est déjà énorme : si on s’en tenait aux décisions prises par les différents gouvernements qui se sont succédés depuis 30 ans, il serait plus que temps de dissoudre ce Centre et de traduire ses membres dans une Cour Pénale Internationale. Malheureusement, ce n’est pas ce qui a été fait, et ils continuent donc de sévir.

Je dis bien sévir, parce que c’est tout de même assez incroyable ce qu’on peut réaliser comme feu d’artifice de crétineries bien-pensantes écoloboboïdes et surdosé en moraline de synthèse avec l’argent des autres : en effet, les explosions bigarrées d’alterpensée commencent dès l’introduction du pesant document qui s’étale sur plus de 180 pages d’un bonheur verdoyant de niaiseries éco-consensuelles, au mieux mièvres, au pire frôlant la rage taxatoire. À côté, les borborygmes électoraux de Nicolas Hulot feraient presque figure d’oeuvre philosophique majeure.

Tout, dans le document, est donc destiné à bien nous faire comprendre qu’on va devoir sauver la planète, et que, pour ce faire, il va falloir rapidement revoir nos modes de consommations. Moyennant une nouvelle avalanche de taxes et de ponctions, couplée à d’intelligents systèmes de subventions finement ouvragés par une brochette de fonctionnaires affûtés comme du beurre chaud, on va enfin tailler à coup de burin un homme nouveau à la consommation durable dans l’albâtre nacré d’une société harmonieusement décarbonée.

Save the planet !

On pourrait éplucher le document, qui fournit près de deux cents pages d’un sabir technocratique baigné dans des litres d’huile écologique, où l’on nous vante les pertinentes actions de l’état pour favoriser ceci ou encourager cela, sans jamais mentionner que ces petites faveurs et ces gros encouragements coûtent des ponts qu’on n’a absolument pas les moyens de payer actuellement.

Heureusement, les pénibles auteurs de cette performance nous proposent un petit résumé de leurs injonctions recommandations éco-citoyennes. À les lire, on croirait un tract WWF ou Ushuaïa en quadrichromie sur 120g pelliculé. C’est dimanche, certes, mais je ne vais pas me cogner les 25 (oui, 25) idées qui leurs sont passées par la tête ou ailleurs. Je vais m’attarder sur certaines, particulièrement éclairantes sur l’idée générale.

Ainsi, et en tout premier ce qui ne manque pas d’éveiller l’attention, nos accoucheurs d’aides décisionnelles veulent intégrer les bases de la consommation durable dans l’enseignement dès le plus jeune âge et dans la formation professionnelle. Eh oui : c’est bel et bien à l’école d’apprendre aux jeunes têtes blondes que polluer son environnement, saymal, qu’il ne faut pas consommer trop,  mettre des lampes fluocompactes, trier ses déchets en séparant bien le polyuréthane du polyvinyle, et recycler les pelures de pomme pour faire du compost.

Evidemment, tout endoctrinement commence par celui des enfants des citoyens. Ensuite, on s’attaque aux voisins, et après seulement on introduit les formulaires de délation. On pourrait croire que j’exagère, mais les points suivants (jusqu’au 5) sortent littéralement d’un bréviaire de petit propagandiste préfacé par Goebbels version Verdoiement au Bisounoursland : campagnes de sensibilisations sur des publics spécifiques, messages adaptés aux individus en fonction de leur âge, importance des effets de groupe, nécessité de pionniers, etc…

Une fois le lavage de cerveau proprement appliqué aux individus, on passe aux entreprises ( points 6, 7 et 8 ) avec les traditionnels encouragements aux investissements socialement responsables ; oui, on est déjà un peu plus loin que la simple sauvegarde de Gaïa, mais ce glissement, qu’on observe comme un mouvement de balancier dans tout le document, est parfaitement logique : tant qu’à bourrer le mou de tout le monde avec la récupération des piles, le zéro-papier et le recyclage compulsif, autant en profiter avec quelques pépites d’égalitarisme, de gentillesse fluffy et de non-discrimination socialement responsable. Après tout, c’est le même prix.

Puis on n’oubliera pas non plus de faire intervenir la main bienveillante de l’état pour réguler les stickers Bio-Bidule, Economie Durable, Recyclable, Vert & Fluffy, et jusqu’à « Made In France » , ou investir (avec nos sous) dans l’innovation technologique mais aussi sociale (le champ des possibles pour cette innovation sociale est tellement vaste qu’on trouvera bien un turbo-encabulateur de mouche éco-conscient à valves synchrones, labellisé officiellement par le gouvernement, à ce tarif là).

C’est formidable : la seule limite réelle, dans ce genre de propositions, reste l’imagination de ceux qui se lancent, à corps perdu, dans la production des prochaines tables de la Loi, avec non pas 5, non pas 10, non pas 20 mais 25 commandements supplémentaires, Gaïa frendly, et directement applicables en petites mensualités douloureuses prélevées par Bercy.

Et bien sûr, on n’oubliera pas, pour enrober le tout, de continuer les abrutissantes stupidités carbono-centrées : même si la bourse au CO2 est une fumisterie coûteuse, le train de l’état ne s’arrêtera pas en gare du bon sens et filera dans la campagne paisible, en sifflant trois fois, vers l’horizon de son prochain désastre budgétaire.

En fait, si chacune des 25 propositions est mise en place, la France va devenir un petit enfer gluant, comme une migraine permanente d’écologie frétillante ; les recommandations 16 à 19 ressemblent à une séance chez le dentiste sans anesthésie :

16 – Donner un prix au carbone émis et afficher la valeur envisagée sur le long terme afin d’envoyer un signal fort à tous les acteurs concernés.
17 – Donner un signal-prix fort aux biens et services durables par des actions financières directes (taxation, bonus-malus, normalisation, subventions, etc.).
18 – Étudier une révision des tarifs de l’eau et de l’électricité afin d’inciter les consommateurs à utiliser ces ressources de manière plus efficace.
19 – Faire financer les écolabels par les entreprises non labellisées, suivant le principe « pollueur-payeur ».

Ce n’est pas compliqué : si tout à l’heure, on titubait dans les laboratoires glauques des manipulateurs de cerveau en gants caoutchoutés, là, on est sur le parcours du combattant du moutontribuable en milieu hostile ; le pouvoir d’achat y est méticuleusement haché menu, et ceux qui pleureront seront simplement de mauvais éco-citoyens, et que la peste biocompatible et les vers de compost les emportent !

Ce rapport est passé, pour ainsi dire, inaperçu. Les événements géo-politiques mondiaux sont une excellente raison, mais gageons qu’ils sont aussi une formidable opportunité pour nos décisionnaires qui pourront ainsi faire passer leur message catastrophique aux décideurs. Ceux-là ne manqueront pas d’y trouver d’excellentes idées pour nous étriller un peu plus.

L’écologie est devenu cette magnifique machine à faire perdre du temps, des occasions, et de l’argent à tout le monde, sous des prétextes de plus en plus creux. La sauvegarde de l’environnement est devenue l’excuse pratique de toutes les sodomies fiscales vigoureuses, et seuls les politocards y trouvent encore leur compte, lors des élections.

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