Il y a les fontaines de Rome... et celles de Clermont-Ferrand ! La cité Arverne est certes dépourvue de fleuve ou d'un grand cours d'eau. Tout au plus compte t-elle deux petites rivières, la Tiretaine et l'Artière, par endroits souterraines. Clermont est pourtant une ville d'eaux. On ne le sait peut-être pas assez mais Clermont-Ferrand compte en son sol pas moins de vingt-deux sources d'eaux minérales qui pourraient en faire une ville d'eau potentielle.
La fontaine d'Amboise avec ses petits Manneken Piss
La source des Roches fut un lieu de pèlerinage antique dont le rayonnement est attesté par le nombre impressionnant d'ex-voto et les fontaines pétrifiantes furent une des curiosités les plus visitées de Clermont-Ferrand. Périodiquement, les eaux de la Tiretaine et de l'Artière entrent en crue et se transforment en torrents, semant l'inquiétude des riverains.Cependant, Clermont est déficitaire en eau et elle doit la faire venir à grands frais. Industriels et urbanistes n'ont cessé de regretter l'absence d'un grand cours d'eau surtout lorsque dans les années 1920, les espoirs de voir un grand canal qui aurait relié Clermont à l'Allier se sont définitivement envolés.
On comprend mieux alors, l'importance que revêtent les fontaines clermontoises. L'alimentation de la butte était vitale et pour l'assurer, l'évêque d'Amboise fit appel, en 1558, à un ingénieur florentin, Gabriel Siméoni. Ce dernier réussit à capter les eaux de Royat pour les faire parvenir jusque dans les jardins de l'évêque, à l'endroit où se situe l'actuelle place de la Victoire. Siméoni prit soin d'immortaliser cette oeuvre par une plaque qu'il apposa près de la source mais l'évêque voulut, lui-aussi, magnifier l'arrivée des eaux dans la cité par l'édification d'une fontaine monumentale qui porte aujourd'hui son nom.
D'une façon générale, la ville a toujours entouré les donateurs de fontaine d'une très haute considération et les fontaines sont restées les acteurs précieux du décor urbain clermontois. Aujourd'hui, Clermont compte une cinquantaine de fontaines publiques qui ont presque toutes été remises en eau, souvent potable.
Quelques fontaines clermontoises...
La Grande fontaine que l'évêque Jacques d'Amboise fit dresser au milieu de ses jardins est un bel exemple de la sculpture Renaissance avec rinceaux et arabesques. La dignité qu'apporte la pierre noire de Volvicéclipse ses petits Manneken Piss qui s'affranchissent des règles de la civilité. Le débit de l'eau n'y fut pas toujours égal. D'où les migrations de la fontaine en des points plus bas. En 1962, elle fut remontée sur la butte, proche de son lieu initial.
Place de la Victoire, le projet d'un monument commémoratif de la première croisade à l'occasion de son huitième centenaire, n'était pas acquise pour la municipalité anticléricale de 1895, même si le nom de Clermont Ètait associé à l'histoire. Le projet finit tout de même par voir le jour, au prix de compromis : Urbain II sans sa tiare, y est difficilement reconnaissable comme tel et cette fontaine monumentale resta perçue comme une grande réalisation municipale qui fit l'unanimité.
La fontaine de la place Delille a été coulée par Durenne en 1885. Elle remplaça la fontaine d'Amboise qui avait fait station sur cette place de 1808 à 1855 avant de migrer sur le Cours Sablon jusqu'en 1962. En1855, la place Delille avait cessé d'être le lieu d'accueil des paysans limagnais pour devenir celui des voyageurs du chemin de fer. A ce titre, elle fut nivelée, plantée d'arbre et pourvue d'une fontaine monumentale dans le plus pur style de l'époque.
Dans le " fond de Jaude " - ce mot avait une connotation péjorative qui se référait aux " Bas fonds " - siégeait la fontaine de Jaude aux attraits nettement plus flatteurs. Dès la fin de la réhabilitation du quartier, le sculpteur Chauchard proposa cette fontaine faite de blocs de granite massif. Elle est aujourd'hui remplacée par une autre fontaine, moins imposante, avec des jets d'eau qui rappellent parfois, lorsqu'elle est éclairée, la lave en fusion... ce qu'avait peut-être recherché son concepteur.