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Un engagement ferme

Publié le 31 janvier 2011 par Toulouseweb
Un engagement fermeLe Joint Strike Fighter conserve toute la confiance du Pentagone.
Robert Gates, secrétaire américain ŕ la Défense, vient de le répéter avec fermeté : il considčre que le programme d’avion de combat Lockheed Martin F-35 Lightning II, alias Joint Strike Fighter, fait plus que jamais l’objet d’un Ťengagement fermeť. Sous-entendu malgré ses retards, ses dérives budgétaires, ses difficultés de mise au point. La précision est importante, certes, mais chacun sait que le point de non retour de l’opération est dépassé depuis longtemps.
Finalement, peu importe que le calendrier ne soit pas respecté, que des acrobaties budgétaires pointent ŕ l’horizon pour assurer le financement de ce programme d’un coűt de 382 milliards de dollars, aux conditions économiques actuelles, et sans préjuger de nouvelles dérives. Le F-35 est tout simplement indispensable ŕ la Défense américaine qui a mis tous ses œufs dans le męme panier. D’oů l’intention de commander plus de 3.000 exemplaires de cet avion de combat furtif dit de cinquičme génération.
En ces temps d’économies, toutes relatives vues de Washington, les premičres coupes sombres ont été décidées. Il ne s’agit pas de réduire l‘ampleur des commandes mais de les étaler dans le temps. Une méthode vieille comme les budgets militaires, appliquée dans le monde entier. Ainsi, d’ici ŕ l’année fiscale 2016, qui s’ouvrira le 1er octobre 2015, la livraison de 124 exemplaires du F-35 sera reportée ŕ d’hypothétiques jours meilleurs. Cela en marchant sur des œufs, en évitant soigneusement d’inquiéter les huit pays partenaires, cinq Forces armées européennes, la Turquie, le Canada et l’Australie. Le F-35 constitue en effet un programme Ťglobalť, symbole de la mondialisation de l’industrie de Défense …et de l’inéluctable recul du Vieux Continent, face au rouleau compresseur américain.
On ne dira jamais assez que l’impact de l’opération F-35 est tout simplement destructeur : BAE Systems a abandonné l’essentiel de ses ambitions pour devenir simple sous-traitant de Lockheed Martin et de grands dangers guettent le Rafale français et le Gripen suédois. Quant ŕ l’Eurofighter/Typhoon, il sera bientôt neutralisé, précisément en raison de la participation du Royaume-Uni et de l’Italie ŕ l’avion américain. En clair, lŕ oů Airbus et Arianespace ont réussi, les avions de combat ont lamentablement échoué.
Aux Etats-Unis, les concurrents de Lockheed Martin font évidemment grise mine, eux aussi, voyant venir –ŕ terme- un monopole de fait qui, curieusement, ne semble pas inquiéter le Pentagone. Boeing n’en est pas moins en embuscade, pręt ŕ présenter une solution de rechange, fűt-elle partielle, en cas de dérive insupportable du F-35. Ainsi, le groupe de Chicago se prépare ŕ révéler une nouvelle version du F/A-18 Super Hornet, dotée de systčmes modernisés et d’un moteur General Electric F414 de puissance fortement accrue. Précédemment, Boeing avait déjŕ annoncé un F-15 Silent Eagle, lŕ aussi l’art de faire du nouveau avec de l’ancien.
Lockheed Martin bénéficie d’une situation privilégiée. L’armée de l’Air américaine, qui souffre du vieillissement de son parc d’avions de combat, face ŕ des perspectives budgétaires pour le moins ingrates, envisage d’appliquer une cure de Jouvence ŕ un millier de F-16, un bon investissement dans la mesure oů le Fighting Falcon, apparu il y a 35 ans, poursuit une carričre exemplaire. Dans sa catégorie (Ťlightweight fighterť) il a contré la plupart de ses adversaires depuis 1975 en męme temps qu’il contribuait ŕ la prospérité du Texas.
Dčs lors, le voyage de Robert Gates ŕ Ottawa, porteur de ce message de ferme engagement, n’avait pas grande signification. Le Canada a prévu de commander soixante-cinq F-35, le Parti libéral affirme qu’il annulera la commande s’il revient au pouvoir. Une menace qui n’émeut gučre le secrétaire d’Etat et encore moins Lockheed Martin. Les Etats-Unis ont bel et bien gagné la partie, face ŕ une industrie européenne mollement défendue par les politiques. Quand viendra le moment d’établir le bilan de ce ratage, personne n’en croira ses yeux.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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