Souriez, vous êtes surveillés. La ville de Bordeaux dispose désormais de 4 périmètres vidéo protégés (Victoire, Paludate, Centre-ville et les Quais de Garonne) par 56 caméras
. Un chiffre en augmentation, comme l’a précisé hier en conseil municipal l’adjoint au maire Jean-Louis David dans un rapport d’information. En effet, le centre de vidéo protection urbaine de Bordeaux pourra dorénavant utiliser les caméras destinées au contrôle d’accès. Une évolution qui n’enchante pas l’opposition. «Elle a du mal à marcher avec son temps, regrette le maire Alain Juppé. C’est une mauvaise querelle car la vidéo protection est un système utile, performant et très encadré.» Un discours qui ne rassure pas du tout l’élu PS d’opposition Matthieu Rouveyre : «Des études ont prouvé l’inefficacité de ces méthodes. Nous sommes passés de 4 à 56 caméras en 6 ans, mais je préférerais qu’on investisse dans des moyens humains pour la sécurité des citoyens.» Une idée soutenue également par les élus communistes, qui aimeraient plutôt voir revenir la police de proximité ou la mise en place «d’un maillage par équipe de veille social» au sein de la ville. Le Vert Pierre Hurmic a quant à lui dénoncé le «glissement sémantique» du débat : «Une caméra surveille, elle ne protège pas ! Il faut appeler un chat un chat et avec ces mesures nous assistons à une extension de la surveillance de nos populations.» «C’est un débat entre archaïsme et modernité», a conclu Alain Juppé, précisant que Bordeaux était dans le peloton de queue dans ce domaine, puisque des villes comme Paris, avec 1300 caméras, Lyon (238), Strasbourg (300) ou encore Cannes (242) sont bien loin devant.
De l’eau dans le gaz entre la Ville et le Conseil général
Autre dossier chaud du conseil municipal d’hier, le projet d’échange immobilier entre la CUB et le Département dans le quartier du grand parc. Cet échange permettrait au Conseil général de bâtir une Maison départementale de la solidarité et de l’insertion (MDSI) sur un terrain appartenant à la CUB, dans une annexe de l’ancien collège du grand parc. Problème, la mairie a son mot à dire et souhaite récupérer le bâtiment pour y installer une crèche. «La crèche municipale située à proximité n’est plus adaptée, explique Alain Juppé. Si la CUB accepte de céder ce terrain à la ville, elle pourra réaliser une opération tiroir.» En clair, une nouvelle crèche serait construite sur le terrain de la discorde, et l’ancienne serait ensuite réaffectée pour une autre activité, ce qui permettrait de maintenir la continuité du service de crèche dans le quartier. Mais pour les élus d’opposition, cette décision de la majorité n’est pas dictée par l’intérêt général, mais plutôt par une «chasse au Delaunay», du nom de la conseillère général PS du canton qui avait également battu Alain Juppé aux législatives de 2007. «Vous politisez un dossier qui n’a pas lieu de l’être, a répondu le maire de Bordeaux. Je ne vois pas comment le fait de construire une crèche peut ne pas aller dans le sens de l’intérêt général. Et pour la MDSI, InCité est prête à mettre un terrain à disposition du Département. Un terrain qui conviendrait mieux à ce projet, car il est proche du tramway, comme le souhaitait au départ le Conseil général.» Pas de doute, les élections approchent.•
Sébastien Hervieré’