Le soir, je rentre chez moi éreintée, décoiffée, des grosses valises sous les yeux (ma collègue italienne appelle ça des "bourses", j'ai essayé de lui expliquer qu'en France le mot "bourses" renvoie à autre chose mais elle n'a pas l'air d'avoir encore pleinement intégré cette subtilité linguistique), et mon vernis soigneusement posé la veille complètement écaillé. Pourtant, la séance de pose a bien duré au moins 1h avant de se révéler à peu près concluante. Mais entre les paquets, les poils de chat et, surtout, le fait que je ne peux pas rester trois secondes sans bouger, se mettre du vernis à ongles est un véritable défi (on a les défis qu'on peut). En bref, généralement, le soir, je ne me sens pas vraiment glamour...
Et c'est toujours à cet instant que j'allume la télé, ou que j'ouvre un magazine et que je tombe nez à nez avec Vanessa, Kate, Scarlett qui sont toujours d'une beauté irradiante elles. Je ne peux aucunement rivaliser et lors de ces grands moments de solitude je me sens moche, sans aucun charme et avec une vie très peu trépidante. Mais je peux tout de même même me raccrocher au fait que je me suis levée à 6h15 et que, depuis, j'ai bossé 10h, fais les courses à ma pause de midi, couru à la poste pour récupérer un recommandé puis à la pharmacie pour acheter ma foutue pilule à reprendre dès ce soir, préparé le dîner et passé un coup d'aspirateur. Je pourrais effectivement me raccrocher à ça. Mais non, ces filles (enfin là, on peut les traiter de morues), en plus de s'acheter un palace un Italie, de coucher avec Johnny, de tourner avec Woody, de faire des tournées, de voyager et d'être toujours magnifiques, elles m'enlèvent cette excuse en affirmant qu'elles ont exactement la même vie que moi! Elles élèvent leurs enfants, elles font leurs courses et même que parfois elles préparent un plat de pâtes... Par conséquent, je suis arrivée à la conclusion peu reluisante que je suis une ratée, voire un déchet. Pourtant ce n'est pas faute d'être volontaire pour tourner avec Woody, chanter avec M ou coucher avec Johnny (je suis pleine de bonne volonté!).
Alors qu'à cause de Vanessa, Kate et Scarlett, j'étais en train de devenir profondément dépressive, Inès est arrivée, m'a tendu la main et j'ai enfin vu de la lumière. En effet, Inès de la Fressange était l'invitée du fou du roi lundi midi sur France Inter. Sa façon très maniérée de parler peut parfois m'énerver mais, à un moment donné, un de ces propos a retenu mon attention. Elle expliquait, très justement, qu'elle n'avait pas la même vie que tout le monde : elle avait une vie hyper protégée, hyper privilégiée et qu'elle ne pouvait donc pas affirmer décemment qu'elle était comme tout le monde mais que ça n'empêchait pas le bon sens... Et le bon sens, c'est justement de ne pas se comparer à la populace!
Inès, Merci! Grâce à toi, j'ai enlevé ma perf' de lexomil. J'ai réalisé que je n'étais peut-être pas une ratée totale même si je ne sais pas mettre mon vernis et que je n'ai pas chanté l'histoire d'un taxi! Et même si parfois tu m'énerves et bien là, Inès, sache que je t'ai aimée pendant quelques secondes...
NB : Je viens de rebrancher ma perf'... J'ai vu Gainsbourg, une vie héroïque de Joann Sfarr hier soir sur canal+ (nommé 6 fois aux Césars) et ma vie m'a semblé bien terne face à un tel mythe!
NB2 : En guise de traitement, ce soir, je regarderai Confessions intimes ou un truc du même genre...