L’un des bienfaits de cette révolution de Jasmin – sur laquelle je reviendrai, promis, dès que je prendrai le temps d’écrire l’article adéquat – c’est d’avoir remis au goût du jour l’hymne tunisien. On n’a pas si souvent l’occasion de l’entendre, de ce côté-ci de la méditerranée.
Mais quelle ne fut ma stupeur, l’autre jour, en écoutant ma petite dernière chanter cet air, avec une parfaite décontraction. Qui avait bien pu lui enseigner l’hymne national tunisien? Allait-elle se retourner contre son père, comme le peuple tunisien s’était retourné, le 14 janvier dernier, contre l’ancien président Ben Ali, et me foutre à la porte?
Après investigation, je me suis aperçu que ce n’était pas du tout ce que je croyais. Ma petite chanter un air très proche de l’hymne tunisien, une comptine intitulée: « Quand j’étais petit je n’étais pas grand, et dont voici une version instrumentale.
Humat-Al-Hima, l’hymne tunisien depuis une vingtaine d’années, ressemble comme deux gouttes d’eau à cette comptine; Allez écouter la version instrumentale sous Wikipedia, c’est stupéfiant.
Bien entendu, cette parenté entre deux airs si distants n’est pas si rare. L’Hatikva, hymne national israelien, est un lointain cousin de la Vtlava, superbe poème symphonique composé par Smetana, qui lui-même a dû piocher parmi quelques airs traditionnels tchèques pour faire son travail.
Alors dorénavant, lorsque vous siffloterez « Quand j’étais petit je n’étais pas grand », vous pourrez vous dire que vous soutenez le souffle libéral de la révolution de Jasmin.