les designers bouroullec dévoilent leur intimité

Bordeaux a l’honneur d’accueillir  «Album», la première exposition de l’hexagone pour les deux designers français internationalement reconnus, Ronan et Erwan Bouroullec. Si on découvre habituellement lors d’une exposition de design une présentation d’objets aboutis, ça n’a pas été le parti pris des deux frères. Et c’est une première. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, il y a bien une explication à cette originalité où le design est sujet et les objets absents. « Il n’y a pas d’objets car lorsqu’il y en a, ils focalisent plus facilement l’esprit », justifie Ronan. Ce sont alors près de 800 documents (multiples dessins, croquis, esquisses de maquettes, photos d’archives), tous habillés d’un encadrement, qui sont venus s’exposer sur les murs des six salles de la galerie Arc en rêve. Le tout s’agrémente d’un film qui s’immisce dans leur atelier. « Des choses sont finies, d’autres pas et elles sont présentées ensemble, sans hiérarchie. On a décidé de tout mettre à plat, il y a d’ailleurs des choses inintéressantes mais ça fait aussi parti de ce qu’on fabrique », explique Erwan. A noter par exemple tout un mur tapissé de dessins de chaises qui n’ont jamais vu le jour. Parce que l’idée de l’expo est bien celle-là : retraduire au plus près tout ce qui peut être produit dans leur atelier. Et le travail de gestation qui précède l’aboutissement en fait aussi partie. C’est-à-dire tout ce que ne révèle pas un objet fini.
Panorama solide
Ainsi conçu, le parcours offre un panorama solide de ce qu’est leur travail et leurs méthodes, sans toutefois cacher leur environnement «chaotique». C’est d’ailleurs sous l’appellation de « panorama » que l’exposition devait initialement trouver son nom. « Mais il y a trop de choses qui sortent sous ce nom sur internet, et on n’avait pas tellement envie de se retrouver au milieu du panorama des meilleurs fromages de Franche Comté ou autres », s’amuse Ronan. Ce sera donc «Album» et sans objet. Enfin presque. Car quelques cinquante chaises Steelwood créées par le duo en 2007 errent dans les 400 m2 de la galerie. Mais elles sont cette fois-ci dépossédées de leur fonction d’objet design. Seulement pour s’asseoir et permettre de mieux contempler cet album de travail. Intime.•  Marjorie Péjac
Jusqu’au 24 avril à Arc en rêve, 7 rue Ferrère. 2,5-5€éé