Une nouvelle année commence. Un calendrier à remplacer, quelques bonnes résolutions, peut-être un nouveau départ, mais en fait, rien ne change. Ou presque, le train-train continue. Ce qui m'a stoppé net cette semaine est un reportage télé sur un nouveau logiciel pour espionner son ou ses salariés dans leur utilisation de l'outil informatique sur leur lieu de travail.

Vous le savez, je suis informaticien au Trésor Public. Dans cette administration, pas besoin de mouchard car l'accès au Net est plus verrouillé que le coffre d'une perception. Donc, pas de .avi, de .mov, de .mp3 ou autre .wmw, pas de .pps non plus... On a accès au site du Figaro ou aux horaires des vols d'Air France, mais pas sur des sites banals de documentation... On peut toujours demander, mais avec la réorganisation des services et la politique d'économies , il faut être très patient, et anticiper un refus. Plutôt que de surveiller, on a préféré interdire. Purement et simplement. Les solutions techniques sont simples, et je ne peux m'empêcher de penser que si les entreprises sont prêtes à lâcher près de 1000 euros par ordinateur pour un tel mouchard, c'est qu'elles ont bien des marges de manoeuvre, en tout cas bien plus qu'elles ne le disent...
2011 est ainsi dans la continuité de 2010. Parmi les grandes résolutions de la bande du Fouquet's, on trouve en bonne place la surveillance et le contrôle de la population. 30 millions d'Euros pour la vidéo-surveillance, 1000 nouvelles caméras rien que sur Paris, Hadopi, Loppsi2... N'en jetez plus, la cour est pleine. En période pré-électorale, c'est un sujet qui a payé.
Pour ma part, puisqu'on parle de bonne résolution, après 29 années de bons (c'est un peu à mon employeur de le dire...) et loyaux (ça, c'est incontestable) services auprès de mon employeur unique, j'ai décidé désormais de cesser toute initiative, tout avis ou réalisation technique, toutes ces tâches ô combien intéressantes mais pour lesquelles je ne suis pas rémunéré, et qui ne ressortent pas des fonctions professionnelles que l'on m'assigne. Je vais désormais m'en tenir aux strictes procédures, aux lourdeurs administratives dont je m'affranchissais chaque fois que possible. Je vais aussi subir sans broncher les choix opérés en dépit du bon sens, par frousse, ignorance, ou plus encore. Cela m'évitera profitablement des sempiternels conflits avec la hiérarchie, et de bien d'énervements que je ramenais le soir chez moi... Comme résolution, ça a de la gueule non ?
Depuis 29 ans, je vais enfin être... fonctionnaire.