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La dépendance un débat de fond.

Publié le 03 février 2011 par Yann Frat / Un Infirmier Dans La Ville

Anticipant mes notes sur la place de la famille dans la dépendance et reprenant assez bien les arguments classiques que je croise dés que je parle dépendance, j'ai donc reçu ces messages en commentaires de mes notes... Et je souhaite vous les faire partager.

Note importante: Il faut comprendre que je parle en généralités quand cette lectrice parle de son cas particulier. Alors que ce soit clair : ma réponse est une reprise des arguments que je croise autour de la dépendance, en aucun cas un jugement sur cette situation particulière... 

Donc les messages étaient ceux-ci

"Je confirme une charge familiale - sauf que je trouve que ce n'est pas une charge mais un devoir filial. Je me suis occupée pendant des années de mon père.
Pas toujours facile, du fait de s'occuper de son père invalide, mais surtout envers certains médecins qui n'acceptaient mal le fait que nous nous en passons des infirmiers et certains services sociaux qui le voulaient le mettre dans une maison de retraite. Notre réfus les a trés surpris.
J'étais là, alors autant le laver, faire à manger, l'amener chez le médecin, faire les pansements et donner les médicaments. Il y a assez de gens sans personne pour lesquels l'infirmièr(e)est primordial dans leur quotidien.
L'infirmière passait uniquement quand il fallait donner des piqûres (antibiotique) ou une prise de sang (quand mon père n'arrivait pas à se lever).
Notre MG aussi passait que rarement à domicile. Quand c'était le cas, nous ne pouvons pas faire autrement et il le savait.
Je pense que c'était une bonne gestion des moyens et possibilités des soins, surtout de ne pas abuser d'un service (visite à domicile) hors nécessité absolue.
"

Alors mon commentaire est celui ci:

Je confirme une charge familiale - sauf que je trouve que ce n'est pas une charge mais un devoir filial:
Je ne suis pas tout à fait d'accord. Protéger ses parents si ils en ont besoin certes c'est un devoir filial. Mais il y a aussi des limites et les soins intimes ainsi que le temps à y consacrer m'en semblent très clairement deux (Est-ce un devoir d'abandonner son travail pour s'occuper de son parent malade?). D'autre part la pathologie du parent entre en jeux car il y a des cas (démences graves avec mises en danger de soi et d'autrui) où garder à domicile est simplement impossible.
Alors bien sûr il y aura toujours des gens qui ont le temps, l'envie et le courage de le faire (se consacrer à garder son parent malade à domicile) mais pour moi ce n'est qu'une minorité et cela ne peut en aucun cas devenir la norme et surtout pas "un devoir".

Pas toujours facile, du fait de s'occuper de son père invalide, mais surtout envers certains médecins qui n'acceptaient mal le fait que nous nous en passons des infirmiers et certains services sociaux qui le voulaient le mettre dans une maison de retraite. Notre refus les a très surpris.
Quand la dépendance représente une charge assez importante il est parfaitement normal que le monde soignant vous propose des aides... pour vous aider... Que ce soit pour vous... ou pour votre parent (il y a même des moments où le domicile devient dangereux pour le patient par absence de soins ou par inadaptation technique). A partir du moment ou on vous propose de vous aider, il est assez logique que votre refus les surprenne.

J'étais là, alors autant le laver, faire à manger, l'amener chez le médecin, faire les pansements et donner les médicaments. Il y a assez de gens sans personne pour lesquels l'infirmièr(e)est primordial dans leur quotidien.

La présence d'un personne au quotidien auprès du patient est effectivement essentiel dans une prise en charge à domicile.
De là à faire les pansements et les toilettes, à mon humble avis il y a un pas à ne pas franchir. Je ne suis pas là que pour défendre ma profession mais si on apprend ces soins c'est peut être parce que la volonté ne suffit pas pour les faire de façon satisfaisante et voir tout ce qu'il y a à voir à ces moments là.

L'infirmière passait uniquement quand il fallait donner des piqûres (antibiotique) ou une prise de sang (quand mon père n'arrivait pas à se lever). Notre MG aussi passait que rarement à domicile. Quand c'était le cas, nous ne pouvons pas faire autrement et il le savait. Je pense que c'était une bonne gestion des moyens et possibilités des soins, surtout de ne pas abuser d'un service (visite à domicile) hors nécessité absolue. "

Je ne suis pas d'accord, pour moi c'est une version un peu extrême voire hardcore du maintien à domicile où vous avez volontairement refusé les aides à domicile qui vous étaient offertes. J'espère que cela s'est bien passé pour votre parent... et pour vous (quand on ne sait pas manipuler les gens on a de bonnes chances de se casser le dos) mais cette situation, je pense, doit rester tout à fait exceptionnelle et ne peut en aucun cas définir une norme à tenir. Accessoirement vous vous êtes mis en danger et votre parent aussi... Quelle que soient vos motivations elles ne justifient pas toujours tout, et la malheureuse affaire debaine nous a montré ce qui peut se passer quand on veut tout faire seul... Garder a domicile une personne dépendante est déjà une charge très lourde et les aides offertes bien minces, pourquoi les refuser?


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