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Affaire de Pornic : le droit à l’indignation (bilatérale…)

Publié le 03 février 2011 par Mister Gdec

Affaire de Pornic : le droit à l’indignation (bilatérale…)Tollé : nom masculin  Sens Clameur, cri général de protestation, d’indignation. Synonyme : clameur. Exemple :  1987 (13 septembre)  Au cours du Grand Jury RTL Le Monde, le président du Front National affirme que les chambres à gaz ne sont qu »un « point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». En relativisant les crimes nazis, Jean-Marie Le Pen soulève un tollé. (source ici).

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Meurtre de Laëtitia. Tollé magistral après les déclarations de Sarkozy

Quelle est cette étrange clameur ? Voilà l’explication du Télégramme :

Nicolas Sarkozy a directement mis en cause la justice dans l’affaire du meurtre de la jeune Laëtitia. Réaction immédiate des magistrats de Nantes : ils ont suspendu toutes les audiences jusqu’à nouvel ordre.

Il étaient une centaine de magistrats et d’avocats ce jeudi matin dans la salle des pas perdus du tribunal de Nantes. Une centaine à discuter d’une seul chose : les dernières déclarations du président de la République.

Face à des policiers et des gendarmes réunis au commissariat central il a évoqué l’affaire du meurtre de Laëtitia et plus particulièrement le suivi du principal suspect, Tony Meilhon. La justice aurait été alertée de la dangerosité de l’individu, par sa famille notamment. Nicolas Sarkozy parle de  »dysfonctionnements graves » des services qui auraient conduit à la remise en liberté de l’individu.

Résultat : Suspension des audiences jusqu’à nouvel ordre (sauf urgences)

Il ne s’agit donc pas de la clameur de la foule qui s’indigne d’un meurtre aussi atroce,  mais du cri de colère de la magistrature qui suffoque devant tant de mauvaise foi…

Dans un autre journal, Le Parisien, d’autres détails sur les propos du président : « Il a promis que les «dysfonctionnements graves» des services de police et de la justice qui ont permis la remise en liberté du principal suspect du meurtre de la jeune fille seraient sanctionnés. »

Peu avant, il déclarait, devant des policiers et gendarmes réunis au commissariat central d’Orléans :

«Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s’assurer qu’il sera suivi par un conseiller d’insertion, c’est une faute. Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés, c’est la règle».

On ne peut que comprendre à quel point ces magistrats, mais probablement également les forces de l’ordre ainsi désignées à la vindicte populaire se trouvent outrées de telles déclarations, au moment où le gouvernement de l’autocrate  est en train d’appliquer si bêtement, dans une logique purement comptable, les préceptes sacrés de la RGPP… qui conduisent ainsi (c’est le gouvernement lui-même qui nous l’apprend, sur son site) le Ministère de la Justice (et des Libertés… sic) à fermer 178 tribunaux d’instance, 55 tribunaux de commerce, 62 conseils de prud’hommes et 2 tribunaux de grande instance…

On ne parlera pas ici de la volonté tenace (et suspecte…) de Nicolas S. de supprimer les juges d’instruction, mais plutôt, par contre, de la suppression de 15 escadrons de gendarmerie, confirmées par le Général Mignaux, directeur général de la gendarmerie nationale. Cela cadre bien mal avec la volonté sécuritaire de Sarkozy… Champion du monde des ministres de l’Intérieur, même en temps que Président, au point qu’il ait jugé utile de proposer notre savoir faire devenu mythique par la bouche de M.A.M….

Et puis tiens, parlons des SPIP, les structures départementales qui encadrent et emploient les CIP (Conseillers d’Insertion et de Probation), tant qu’on y est… Puisqu’il les remet en cause également, plutôt que de s’interroger… Ils bénéficient d’une formation de deux ans organisée par l’ENAP (voir ici) et assurent le suivi d’environ 60 000 personnes incarcérées (au 1er décembre 2006) et de 125 000 soumises à des peines alternatives à la prison (source) pour… 1500 euros par mois, environ. Il s’agit d’une profession qui, alors qu’elle était démunie du droit de grève, a connu un mouvement de contestation sans précédents réunissant 80 % des personnels en 2008… peu après l’arrivée au pouvoir de Sarkozy, donc. Bien qu’ils aient bénéficié l’année dernière  d’une refonte de leur statut qui répond ainsi à l’une de leurs principales revendications, leur salaire et leur nombre (introuvable… mais on considère normal qu’un CIP suive environ…. 100 personnes, soit si je compte bien environ…1850 ? ) pose question.

Le cri d’indignation qui devrait donc monter, face à des crimes aussi ignobles, c’est bien sûr d’exiger que la sécurité de tout un chacun soit assurée, mais également que les administrations françaises aient les moyens non seulement techniques, mais également humains d’assurer leurs missions, qui ne cessent de se complexifier, et face auxquelles le public devient de plus en plus exigeant… alors que le nombre de fonctionnaires tend à une diminution si drastique qu’elle va à l’encontre de l’intérêt public. Il faut le dire, l’écrire, et le crier. Haut et fort. Il en va manifestement de notre survie.

Lire le communiqué du Syndicat de la magistrature sur le sujet, qui révèle notamment que :

-  » Dans leurs « rapports des 19 janvier et 22 octobre 2010, les juges de l’application des peines du tribunal de Nantes ont averti leur hiérarchie que l’absence, depuis un an, d’un quatrième juge de l’application des peines les obligeait à effectuer des choix de priorités ». « Notre situation est à ce jour extrêmement préoccupante. Nous sommes inquiets »,

-    » Par courrier du 24 mai 2010 adressé aux magistrats de Nantes, le directeur du Service pénitentiaire d’insertion et de probation avait fait savoir que, compte tenu du manque criant d’effectifs, il n’était pas en mesure de traiter l’ensemble des dossiers qui lui étaient affectés.

-    » Dans un courrier du 15 décembre 2010, le directeur interrégional de l’administration pénitentiaire de Rennes a confirmé l’état préoccupant de sous-effectif des services dont il avait la charge, auquel se sont ajoutées, par l’effet de la loi pénitentiaire, « de nouvelles missions et compétences ». Il a très clairement mis en cause « les difficultés en matière de ressources humaines au sein du ministère de la Justice (qui) nous imposent d’opérer des choix en matière de répartition des effectifs. »

Les sonnettes d’alarme étaient donc tirées depuis plusieurs mois, et Monsieur Sarkozy aurait mieux fait de se taire plutôt que de désigner une fois de plus des boucs émissaires faciles sur lesquels se défausser de ses propres responsabilités.

Si l’on applique ses menances à la lettre, il convient donc de sanctionner le principal responsable des dysfonctionnements : lui-même…

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