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Cachez ce mat que je ne saurais voir

Publié le 04 février 2011 par Dedu

DeDu012.jpgDans le domaine des énergies renouvelables, ces dernières semaines ont été marquées par le recours des professionnels du photovoltaïques concernant la suspension du tarif de rachat, et son refus par le Conseil d'Etat. Dans le même temps, de nombreuses associations de l'environnement se battent pour éviter ou faire annuler les projets de fermes photovoltaïques, pour cause d'impact sur le paysage.
Ces démarches peuvent être rapprochées de toutes celles, plus médiatisées, concernant l'éolien et plus particulièrement les projets d'éolienne off-shore qui font l'objet d'un appel à projet du ministère de l'écologie.

Nombreux sont ceux qui soutiennent le développement des énergies renouvelables. Il faut dire que la France est l'un des pays occidentaux où la conscience des enjeux climatiques est la plus forte, malgré la médiatisation des climato-sceptiques. Les politiques d'atténuation (de réduction de l'ampleur) du changement climatique font donc l'objet d'un accueil favorable de la part de la société ; d'autant plus que les actions qui en relèvent font l'objet d'un soutien financier de l'Etat.
Malheureusement, l'intérêt individuel, très présent dans notre société et qui a généré le phénomène NIMBY (not in my backyard / pas dans mon jardin), atteint maintenant aussi ce domaine. Car, si à l'origine il a surtout visé les projets générant des pollutions physiques (émissions de particules, d'odeurs ou de bruit), le phénomène s'élargit aux impacts visuels. Les opposants aux projets justifient leur position par la valeur et la qualité du paysage « naturel », ou parfois de manière plus rigoureuse, du patrimoine paysager. Car en France, le paysage est avant tout le produit de plus de 2000 ans d'histoire (agricole, urbaine ...). Par exemple, au moment de la création de Strasbourg (Argentoratum), l'ensemble de la plaine d'Alsace était boisée et les feuilles des arbres, agitées par le vent, produisaient un effet argenté des plus beaux … Qu'en reste-t-il ?

Il est bon parfois de veiller à conserver son patrimoine (paysager, architectural ou urbain), ou au moins des éléments marquants ou représentatifs. Car des démarches, comme celle pilotée par Pékin visant à raser les Hutong (quartiers anciens) pour en faire des quartiers très denses, tout en répondant à des besoins impérieux de développement, peuvent faire disparaitre les traces d'un patrimoine historique et culturel de grande valeur. Mais, dans le cadre d'une adaptation de la société à des conditions évolutives, il faut aussi accepter de faire de la place pour ces nouveaux objets.

Mais en France, au-delà de la sensibilité individuelle, la politique du patrimoine n'est pas favorable à cette approche. L'objet classé ou inscrit (au titre des paysages ou de l'architecture) ne peut plus évoluer. Cela représente à la fois un avantage pour la conservation de traces du passé, mais aussi une contrainte très (trop ?) forte pour les objets « vivants » comme certains bâtiments. De plus, ce classement, comme cela est souvent relevé par diverses associations de protection du patrimoine ou les propriétaires (privés), n'apporte aucun intérêt par rapport à l'entretien, au contraire.
Ainsi, les phares, qui supportent les instruments de signalisation maritime doivent évoluer en fonction du cadre international fixé par l'Association internationale de signalisation maritime (AISM). Ils ne peuvent donc faire l'objet de classement, malgré l'intérêt patrimonial qu'ils représentent. Autre exemple, en Chine, les temples en bois « très anciens » ont souvent été reconstruits de nombreuses fois (un moyenne de 3 à 5 fois en 800 ans) depuis la première date de construction ; leurs peintures sont régulièrement rénovées de manière moderne. Ces méthodes ne pourraient être mise en œuvre en France.

Pour en revenir aux oppositions NIMBY face aux projets d'énergie renouvelable de grande ampleur et notamment l'éolien off-shore, force est de constater que les arguments présentés ne sont pas si justifiés qu'il peut sembler au premier abord.


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