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Papouasie Nouvelle-Guinée : de graves exactions commises à la mine d'or exploitée par Barrick

Publié le 04 février 2011 par Unpeudetao

Des agents de sécurité privés employés par une mine d’or en Papouasie Nouvelle-Guinée sont impliqués dans des viols collectifs présumés et d’autres exactions violentes, a affirmé Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. La mine de Porgera a produit des milliards de dollars d’or au cours de ses vingt années d’activité, et est gérée par Barrick Gold, une entreprise canadienne qui est le premier producteur mondial d’or et à laquelle elle appartient à 95 pour cent.

Le rapport de 94 pages, « Gold’s Costly Dividend : Human Rights Impacts of Papua New Guinea’s Porgera Gold Mine » (« Un coûteux dividende de l’or : Impact sur les droits humains de la mine d’or de Porgera en Papouasie Nouvelle-Guinée »), pointe les dysfonctionnements systémiques qui ont empêché la société Barrick Gold, basée à Toronto, d’identifier les risques d’abus et de réagir aux allégations dénonçant des exactions.
Le rapport examine l’impact de l’absence de réglementation par le Canada des activités à l’étranger de ses entreprises, et appelle également Barrick à traiter les problèmes environnementaux et sanitaires liés à la mine avec plus de transparence.

« Nous avons interviewé des femmes qui ont décrit des viols en réunion d’une grande brutalité, perpétrés par des gardes de sécurité à la mine de Barrick », a déclaré Chris Albin-Lackey, chercheur senior auprès de la division Entreprises et Droits humains à Human Rights Watch. « L’entreprise aurait dû intervenir bien avant que l’enquête de Human Rights Watch ne la pousse à agir. »

Human Rights Watch a affirmé qu’en réponse à son enquête, Barrick a pris des mesures significatives pour enquêter sur les exactions commises, et diminuer le risque que de tels abus se reproduisent à l’avenir.

La plupart des entreprises d’exploration et d’exploitation minière du monde sont basées au Canada. Le gouvernement de ce pays n’exerce cependant aucun contrôle sérieux et n’impose aucune réglementation sur les activités à l’étranger des sociétés canadiennes, selon Human Rights. Le projet de loi C-300, un effort modeste mais néanmoins important pour imposer un plus grand contrôle gouvernemental, a été rejeté par la Chambre des communes du Canada en octobre 2010. Barrick avait activement fait pression contre cette mesure.

« Le gouvernement canadien s’est assoupi au volant, » a déclaré Chris Albin-Lackey. « Et si Barrick veut se présenter comme une entreprise citoyenne responsable, elle devrait soutenir un plus grand contrôle et une réglementation plus significative des entreprises canadiennes par le gouvernement. »

La mine d’or tentaculaire de Porgera, en Papouasie Nouvelle-Guinée, a produit plus de 16 millions d’onces d’or depuis son ouverture en 1990 - équivalant à plus de 20 milliards de dollars américains au cours actuel. En 2010, les activités mondiales de Barrick étaient en voie de produire plus de 7,5 millions d’onces d’or, soit une valeur de plus de 9,7 milliards de dollars au cours actuel.

La Papouasie Nouvelle-Guinée possède des ressources naturelles en abondance, mais les problèmes de gouvernance et la corruption empêchent les citoyens ordinaires de bénéficier de ces richesses. Le gouvernement s’est montré incapable d’offrir la moindre perspective économique et d’assurer les services gouvernementaux de base à Porgera, et la région est embourbée dans la pauvreté et la violence.

Barrick emploie une force privée de sécurité composée de près de 450 agents à Porgera. La mine doit faire face à d’énormes problèmes de sécurité, notamment des attaques violentes menées par des groupes de mineurs illégaux. Les recherches de Human Rights Watch mettent cependant en lumière les exactions violentes et opportunistes commises par certains membres des forces de sécurité, des crimes qui ne s’expliquent en aucun cas par la réaction à ces menaces.

Chaque jour, des centaines de personnes tentent de subsister en fouillant les terrils autour de la mine, en quête d’infimes traces d’or. Contrairement aux mineurs impliqués dans les attaques violentes auxquelles la mine fait régulièrement face, ces personnes agissent la plupart du temps de façon tout à fait non-violente - quoiqu’illégale. Elles sont menacées d’arrestation par les agents de sécurité de l’entreprise, si elles se font prendre sur les terrils.

Human Rights Watch a enquêté sur six cas présumés de viols collectifs commis par des agents de sécurité employés par l’entreprise. Dans chacun de ces cas, des femmes auraient été violées après avoir été capturées par des gardes de l’entreprise sur les terrils. Les femmes interviewées par Human Rights Watch ont décrit des scènes d’une extrême violence. L’une d’entre elles a raconté avoir été violée par six agents de sécurité après que l’un de ses agresseurs lui ait donné un coup de pied au visage, lui brisant les dents. Human Rights Watch a également enquêté sur le cas de personnes qui ont affirmé avoir été battues ou maltraitées par les gardes qui les avaient arrêtées sur les terrils.

Aucune des femmes interviewées par Human Rights Watch n’a déclaré avoir signalé les viols présumés aux autorités locales, ou à l’entreprise. Certaines ont raconté que leurs agresseurs leur avaient dit qu’elles seraient arrêtées si elles tentaient de se plaindre. Le fait que Barrick ne propose aucun canal de communication sécurisé pour que les membres de la communauté puissent signaler de tels abus a rendu les choses plus difficiles encore.

Barrick a répondu avec la fermeté qui s’imposait aux allégations d’abus présentées par Human Rights Watch. L’entreprise a ouvert une enquête interne de grande ampleur, appuyé une enquête criminelle menée par la police de la Papouasie Nouvelle-Guinée, et s’est engagée à prendre des mesures pour renforcer le contrôle et la responsabilité des forces de sécurité de Porgera.

Ces viols collectifs semblent faire partie d’un système plus global, selon Human Rights Watch. Les enquêtes menées par l’entreprise et la police suite aux révélations de l’organisation ont mis en lumière d’autres cas de violences sexuelles présumées.

Dans une déclaration publique, Barrick a qualifié le résultat de son enquête interne d’ « alarmant » et a annoncé le licenciement de plusieurs agents de sécurité, pour leur implication dans des cas de violences sexuelles présumées, ou parce qu’ils ne les avaient pas signalés. La police a arrêté trois employés et anciens employés de la Joint Venture de Porgera en janvier 2011. Deux ont été inculpés pour viol, et le troisième pour avoir infligé de graves dommages corporels.

Une déclaration de police du 17 janvier a annoncé de probables nouvelles mises en accusations suite aux résultats de l’enquête en cours. La déclaration affirmait que ces arrestations devraient servir d’avertissement, en montrant que de tels abus ne seraient plus tolérés à l’avenir. Le message est important, mais il y aura beaucoup à faire pour convaincre le plus grand nombre d’y croire, selon Human Rights Watch.

Des policiers de Papouasie Nouvelle-Guinée sont régulièrement impliqués dans des affaires de torture et de viol, et la mauvaise réputation de la police en matière d’abus explique la réticence des citoyens à leur demander assistance. Si le gouvernement veut combattre l’impunité pour le viol et d’autres crimes graves, il devra d’abord faire en sorte que les policiers eux-mêmes rendent compte de leurs actes, a déclaré Human Rights Watch.

Les recherches menées par Human Rights Watch portent également sur l’impact sanitaire et environnemental de la mine de Porgera. La mine rejette chaque jour 16 000 tonnes de déchets liquides dans la Porgera, la rivière voisine. Cette pratique controversée ne répond pas aux normes industrielles actuelles, et des voix critiques ont exprimé leurs craintes pour la santé des communautés loin en aval de la mine.

Human Rights Watch a appelé Barrick à publier différentes sources de données précises sur ce sujet, pour permettre une évaluation indépendante des déclarations de l’entreprise. L’entreprise vient d’accepter de rendre public ses rapports environnementaux annuels pour la première fois. C’est un premier pas important, selon Human Rights Watch.

Human Rights Watch a également appelé le gouvernement de la Papouasie Nouvelle-Guinée et les bailleurs internationaux à faciliter la mise en place d’une étude de santé publique sur de possibles empoisonnements au mercure dans les environs de Porgera. Les mineurs pauvres de petites exploitations de même que les mineurs illégaux de la région traitent régulièrement le minerai d’or en le mélangeant avec du mercure, avant de brûler cette mixture au dessus d’une flamme nue. Cette pratique est extrêmement dangereuse, et les professionnels de santé de la région pensent qu’elle a pu engendrer une épidémie non-traitée d’empoisonnements au mercure dans les communautés locales.

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 Le site d'Human Rights Watch :

http://www.hrw.org/fr


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