Les beautés de l'Espagne du nord (2)

Par Mauss

Après une belle soirée sage à Burgos, et une promenade matitunale à 0° sous un ciel bleu d'une limpidité perrienne, en route pour Vega Sicilia dont on ne dira jamais assez l'origine du nom qui n'a rien à voir avec la Sicile mais avec une sainte Cécile qui était à l'honneur dans la paroisse voisine.

Nous étions attendus par Monsieur Pablo Alvarès, l'impressionnant propriétaire de ce domaine mythique qui dégage une force peu commune, une volonté que partage son encadrement et une réelle vision de l'avenir du "grand vin".

Le domaine comprend 200 hectares de vignes (le tempranillo est roi) avec 81 parcelles maintenant identifiées et pratiquement le reste de la propriété (1.000 hectares) est en forêts diverses. Pas très loin, cette famille est également propriétaire d'Alion et possède également des vignes en Toro et fera connaître prochainement son dernier développement viti-vinicole en Rioja Alta qui, à ce que nous avons appris, sera assez unique. On vous en dira plus l'an prochain.

Bien sûr, on n'oubliera pas que Monsieur Pablo Alvarès est également le propriétaire d'OREMUS en Tokaj dont les caves à elles seules méritent le voyage. Le GJE y a un souvenir encore plein d'émotions lors de notre session en Hongrie. 

VEGA SICILIA

La journée était splendide, les brumes matinales au-dessus du fleuve traversant cette grande région vinicole ayant eu l'élégance de se disperser à notre venue, mes zozos "Romanéens" (Roger, Vialette, Schneuwly, Vagnozzi) ayant eu l'impudeur, la veille, d'aller faire quelques retraits de vins de la DRC dans un restaurant madrilène qui se souviendra de leur passage. Incorrigibles ces garçons ! 

La jeune directrice "export" (un français parfait) nous montra les toutes nouvelles installations de vinification où on est passé de 19 cuves (béton, bois, inox) à 81 unités inox indépendantes où le chargement des raisins se fait sans utilisation de pompes, avec les raisins qui restent en chambre froide (4°) une nuit entière avant de passer sur la table de tri. On est vraiment impressionné par la propreté des lieux, la clarté, l'espace, la logistique minutieusement étudiée.

On pourrait écrire des pages et des pages sur cette propriété qui est "la" référence du vin en Espagne. Je vais essayer avec ABM de mettre en ligne le film complet de cette visite.

Il faut savoir qu'à Vega Sicilia on produit deux vins (plus la cuvée Especial), l'un n'étant pas le second vin de l'autre.  D'un côté l'UNICO, un cru millésimé (pas tous les ans) qui ne sort pas de la propriété avant dix années dont 7 en élevage, et le VALBUENA qui est mis sur le marché au bout de 5 ans. la cuvée ESPECIAL est un assemblage de plusieurs millésimes d'UNICO. Très étrangement, les amateurs américains ne lui donnent pas autant de valeur alors même que c'est une rareté qui devrait emporter les suffrages !

Nous n'avons aucune crainte à clairement positionner ce vin parmi les 5 plus grands vins (rouges) européens. Oh, l'abord est loin d'être immédiat. S'il y a un cru sur cette planète qu'il faut déguster avec attention, c'est bien cet UNICO si particulier qui développe une telle finesse sur une longueur rare : mais le buveur distrait peut totalement passer à côté.

La commercialisation est un peu complexe, avec une liste historique de clients annuels qui se transmettent leur allocation de père en fils. Le prix est quasi constant : autour de <$ 120 la bouteille. On a également des mises de magnum et quelques rares double-magnum font l'objet de soins attentifs, notamment en coffret bois maison faits à partir d'anciennes douelles de leur propres barriques.

Un sextuor heureux et attentif. C'est un rare privilège de pouvoir visiter ce Domaine !

Le château dans un parc aux 300 essences et ayant un jardin japonais bénéficiant de toutes les attentions

Le logo maison, aimé et respecté de tous les amateurs

Le chai historique où tout a commencé au XIXème siècle

La section des cuves "bois" du nouveau bâtiment

On a fait que poser plein de questions… et on a eu toutes les réponses :-)

Une vraie tonnellerie, pas pour le folklore : on y produit environ 300 barriques par an avec du chêne importé des USA

La nouvelle unité de vinification aux 81 cuves inox

Les petits chariots qui véhiculent les raisins vers leurs cuves respectives (à Malartic, c'est par rail en suspension)

Chaque millésime bénéficie d'une reproduction unique et originale

 

Les coffrets "maison" en ancienne douelle pour les double magnums

"Le vin des rois et le roi des vins"

Notre table de dégustation dans le château

Monsieur Pablo Alvarès nous racontant ses vins : un homme habité par sa passion de l'excellence. Il avoua, mezzo voce, une préférence pour son 1998, son 1964 et quelques autres millésimes particulièrement réussis et toujours vivants.

Le coin des raretés avec quelques uns des tableaux honorant les différents millésimes des grands formats

Bon : on pourrait écrire encore et encore sur tout ce que nous avons appris ce jour là. Nous nous sommes promis d'organiser pour un des prochains WWS à Villa d'Este, une verticale sur 7 décennies, comme nous allons le faire cette année sur La Tâche.

Juste une réflexion intéressante du propriétaire. Selon lui, certains millésimes sont plus proches de ce qui se fait à Bordeaux alors que d'autres sont plus bourguignons. Il faut savoir qu'ici, il peut geler le 15 mai et aussi dès octobre ! Les nuits sont fraîches, les vendanges commencent à mi-octobre. Bref, on a tout faux si on croit qu'on est au "sud". 

Naturellement, cette visite et cette dégustation des dernières mises (y compris le PINTIA) fut suivi d'un déjeuner à la Posada FUENTE DE LA ACENA à Quintanilla de Onésimo, la petite bourgade à quelques kilomètres de Vega Sicilia; et là où nous avions rendez vous à 17h00 avec Peter Sissek qui y vinifie son PINGUS. (Prochain billet).

Christian Roger et Xavier Ausàs Lopez de Castro (Directeur technique de Vega Sicilia)

 

Quelques traces de nos dégustations

 

Nos vins du déjeuner : Structure énorme du 1998 et finesse exquise du 1996.