« C'est une belle bataille judiciaire que vient de remporter Denis Robert : la Cour de cassation a annulé la condamnation en appel du journaliste, poursuivi pour diffamation par la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream.
Le 16 octobre 2008, l'ancien journaliste de Libération avait été condamné en appel pour avoir assuré, dans un documentaire sur Canal + intitulé Les dissimulateurs ainsi que dans deux ouvrages, Révélation$ et La Boîte noire, que la société Clearstream avait blanchi de l'argent sale. Il avait été condamné à payer 4.500 euros de dommages et intérêts ainsi que plusieurs milliers d'euros de frais de justice.
Clearstream avait par la suite proposé un arrangement à Denis Robert, que celui-ci avait refusé. Il avait alors formé un pourvoi en cassation. Dans un arrêt rendu jeudi, la 1ère chambre civile de la Cour de cassation a donné raison au journaliste et a cassé la décision de la cour d'appel de Paris en relevant «l'intérêt général du sujet traité et le sérieux constaté de l'enquête».
«C'est la fin de dix ans de combat judiciaire»
«C'est la fin de dix ans de combat judiciaire, je suis soulagé», a aussitôt réagi Denis Robert. «C'est une décision qui va faire jurisprudence car la Cour a reconnu qu'un journaliste pouvait commettre de petites erreurs s'il est comme moi de bonne foi et s'il couvre un sujet d'intérêt général en menant un travail difficile dans le milieu opaque de la finance», a commenté celui qui est aujourd'hui également devenu artiste peintre.
Denis Robert compte désormais demander réparation à la chambre de compensation, ainsi que des publications dans des journaux. «Et les livres, qui étaient jusqu'ici interdits, vont pouvoir ressortir», s'est-il réjoui.
En janvier 2010, le tribunal correctionnel de Paris avait jugé Denis Robert lors du premier procès Clearstream, aux côtés notamment de Dominique de Villepin, et l'avait relaxé, estimant que les poursuites contre le journaliste étaient incompatibles avec la Convention européenne des Droits de l'Homme (CEDH) garantissant la liberté d'expression. »
Par Flore Galaud