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Relativisme et syncrétisme religieux dans l’enseignement catholique

Publié le 06 février 2011 par Veille-Education

Sur RFI en débat avec Mgr Rey et Frère N. Capelle.

A partir de 04 minutes :

RFI : « Mais vous m’avez dit que chez vous à Dakar, à sainte Marie De Hann, on prie tous les matins »
Marie-Hélène Cuenot, chef d’établissement du Cours Sainte-Marie de Hann à Dakar au Sénégal:  » Ah bah les enfants prient tous les matins, oui, on fait – surtout chez les petits – une prière le matin … »
RFI: « On prie qui ? »
Marie-Hélène Cuenot, chef d’établissement du Cours Sainte-Marie de Hann à Dakar au Sénégal : « Bah… On prie Dieu … On prie Dieu Mais chacun avec sa forme de prier Dieu. Est ce que Dieu est partagé en mille morceaux ? Non, c’est Dieu et chacun a (à) sa manière. je crois qu’au Sénégal, moi, j’ai découvert qu’il y a une grande liberté par rapport à cela et que Dieu n’est pas propre à chaque religion. C’est … on a un seul Dieu qui peut se célébrer de manières différentes. »

A partir de 18 mn 20
En réponse à monseigneur Rey sur les écoles hors contrat soutenues par des évêques :

Marie-Hélène Cuenot, chef d’établissement du Cours Sainte-Marie de Hann à Dakar au Sénégal: « Etre catholique, c’est être ouvert à l’universel, c’est être ouvert à toutes les différences, et que vivre en tant que catholique, c’est apprendre à vivre ces différences, pour s’édifier soi même dans une liberté et une paix et en même temps vous dites il y a des parents qui ne trouvent pas ce qu’ils veulent dans l’enseignement catholique alors si l’enseignement catholique soit il est ouvert à tous et alors on lui demande de bien travailler une culture de la diversité qui amène à une culture de démarche religieuse aussi soit on s’exclue d’elle parce que ça convient pas mais à ce moment là c’est vrai qu’on favorise quand même une ghettoïsation d’une certaine forme de culture religieuse, voilà bon puis tout ce n’est pas à l’école de répondre à toutes les demandes (demande de plus d’identité catholique de la part des parents du Hors contrat – NDLR). A certains qui ont peut être un gros gros appétit sur certains secteurs, c’est peut être pas à l’école de répondre. »

NDLR : Marie-Hélène Cuenot est un formidable exemple de confusion.

Tout d’abord elle semble définir le caractère propre de l’école catholique par la mise en valeur de la dimension religieuse de l’homme – toutes religions confondues. Ainsi l’école privée se définirait comme un dépassement de la laïcité entendue comme négation du religieux en l’homme.
Cela est absolument erroné du point de vue de l’histoire de l’enseignement privé, du droit naturel et du droit canon en matière de liberté d’éducation des parents selon leurs convictions religieuses spécifiques. En effet, quoi qu’on souhaite justifier dans un contexte de sécularisation, l’enseignement catholique est historiquement et juridiquement une réponse de l’Eglise à la volonté de parents d’éduquer leurs enfants en cohérence avec son enseignement.
En outre cette définition est fausse du point de vue des faits puisque certains établissements publics disposent de cours de culture religieuse et d’aumôneries; ce qui ne fait pas du fait religieux un apanage du privé.
Cela est en outre grave en terme de conception de la laïcité qui est sous-entendue ici comme laïcisme, c’est à dire exclusion du religieux. En effet, Marie-Hélène Cuenot, par la définition qu’elle donne de l’enseignement privé (liberté religieuse) définit par là même l’enseignement public en opposition – Ce qui est indu dans une juste conception de la laïcité qui doit être ouverte. C’est aussi une mauvaise définition du catholicisme qui est inclusif des valeurs de la raison et ainsi compatible par le droit naturel avec les valeurs profanes d’une saine laïcité.
Ainsi l’enseignement privé serait le refuge des croyants de toutes religions. De la diversité des prières à la diversité des cultes, il n’y a qu’un pas. A quand une salle de prière bouddhiste et musulmane à l’école sainte Marie d’Hann ?
Enfin, le plus dramatique est peut être la façon dont Marie-Hélène Cuenot semble croire que la vocation de l’enseignement catholique est « de bien travailler une culture de la diversité qui amène à une une culture de démarche religieuse ». En quoi une culture de la diversité introduit elle plus qu’une culture de l’identité à une culture de la démarche religieuse ? N’est ce pas au contraire le relativisme qui conduit à l’indifférentisme ?

Deuxièmement, la définition même du catholicisme de Marie-Hélène Cuenot est dramatique d’incurie :  » Etre catholique, c’est être ouvert à l’universel, c’est être ouvert à toutes les différences, et que vivre en tant que catholique, c’est apprendre à vivre ces différences, pour s’édifier soi même dans une liberté et une paix » Jésus doit vraiment s’ennuyer à sainte marie d’Hann ! En un mot, le catholicisme, c’est l’humanisme comme sortie des religions et des différences structurantes. C’est le village mondial qui se tient la main. C’est la grande fraternité du citoyen du monde. Pas un mot de l’incarnation d’un gars, il y a 2000 ans dans un coin pommé de Palestine. Rien sur l’appel à la sainteté. Rien sur la vie de l’Eglise, son enseignement, ses sacrements. Marie-Hélène Cuenot, c’est « l’egophobie » et « l’alterofolie » en acte. Un mélange de syncrétisme et de relativisme qui tourne au mépris de soi.

Ah ! cette « ouverture à l’Universel » ! Que de confusion. Quand sera t elle comprise à sa juste mesure ? Dans ce mystère du catholicisme d’être parfaitement historique, incarné, culturel et à la fois transcendant. Le catholicisme, ce n’est pas de l’indéterminé ! C’est le déterminé mystérieux et supérieur qui absorbe, transcende, assume, ramasse tout l’existant.

Troisièmement, le mépris du Frère Capelle (celui qui ne voyait pas le problème de faire intervenir le planning familial dans ses écoles) et de Marie-Hélène Cuenot pour les écoles hors contrat est tout bonnement un abus de pouvoir. D’abord car le système « Enseignement catholique » n’ a pas l’exclusivité de l’éducation catholique. En outre par ce que le droit naturel laisse l’entière liberté aux parents de pourvoir selon ce qu’il leur semble le plus juste à l’éducation cohérente de leurs enfants. Enfin par ce ne sont pas à un religieux et à un laïc de dicter la longueur et la profondeur de la paternité d’un évêque (Ici Mgr Rey). On est vraiment là dans deux options bien opposée : celle de Mgr Rey : accueillir toutes les formes légitimes et diverses d’expression de l’éducation catholique quitte à les purifier et de l’autre celle de Capelle et de Cuenot : préférer les structures et les système aux personnes et rejeter les catholiques demandeurs de plus de cohérence au nom de l’ouverture à l’autre. Mais c’est bien connu, « pas de liberté pour les ennemis de la liberté. »

Le Cours Sainte-Marie de Hann à Dakar est un établissement scolaire de l’archidiocèse de Dakar qui a été sous tutelle des pères maristes.
Et la blague énorme est le nom de son fondateur qui avait interprété le texte sur la liberté religieuse de Vatican II comme vient de l’interpréter Marie-Hélène Cuenot, une condamnation de toute mission évangélisatrice !


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