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La France malade de ses ports

Publié le 07 février 2011 par Copeau @Contrepoints

Pendant que la presse est toute focalisée sur les déplacements d’une ministre pendant ses vacances, les jours de grèves se suivent et se ressemblent dans ce pays qui naguère fut une puissance mondiale. Et si cette grève arrive à déclencher un intérêt journalistique lorsqu’il s’agit de la magistrature, il est difficile de réprimer un bâillement lorsqu’on écoute les derniers gémissements plaintifs des dockers de Marseille. L’aspect routinier de la chose, sans doute …

En effet, vous ne le savez peut-être pas, mais les dockers sont encore en grève. Ou si vous le savez, c’est soit parce que vous êtes vous même docker (et vous lisez ce blog pendant vos longues journées à glander sur l’internet), soit parce que vous êtes directement impacté par l’inaction douillette d’une certaine catégorie de prébendiers.

Cela fait en effet plusieurs semaines que le conflit s’éternise entre les dockers et les directions des différents ports, dont celui de Marseille, fer de lance de l’inaction syndicalisée. Le motif ? Oscillant comme d’habitude entre le spécieux et le futile, mâtiné d’une bonne dose de scandale lamentable, nos aimables professionnels du tourisme de déchargement portuaire réclament qu’on tienne compte de la pénibilité de leur non-travail pour leur permettre de partir en retraite à 58 ans au lieu de 62. Povtichous fatigués…

Et c’est vrai que leur non-travail est pénible puisqu’il coûte, tous les jours, des sommes importantes à tous les armateurs dont les bateaux sont stationnés, inertes, en rade en attendant des jours meilleurs où, enfin, une vague dépense calorique sera effectuée par les fiers joueurs de pipeau de la CGT Ports & Docks. Le montant total s’élèverait, actuellement à pas loin de 800 millions d’euros. Et ça tombe bien : l’Etat français, les ports de commerce du littoral et les communes concernés baignent actuellement dans des piscines de pognon.

Port de Marseille en 2012 : merci la CGT

À tel point d’ailleurs que la Cour des Comptes, dans son récent rapport, encourage nos joyeux branle-musards à continuer sur la même pente. Rien de tel en effet qu’une bonne grève pour améliorer le bilan des ports français et favoriser l’émergence de comportements dignes et respectables : tout semble en effet indiquer que — stupeur et consternation — la CGT soit une fois encore plus proche de la mafia sicilienne que d’une organisation syndicale respectable.

Oh, tout de suite, j’en vois déjà certains, l’œil torve, l’haleine chargée de vapeurs éthyliques et la lippe pendante, brailler que ce rapprochement du groupement syndical avec la pieuvre calabraise est honteux ou caricatural et présage d’une velléité de censurer l’action ouvrière dans une prémisse d’heures les plus sombres de notre histoire, que c’est vilain pas beau et qu’il faut au contraire écouter un peu ce que les fiers artisans gréviculteurs ont à nous dire.

J’arrête tout de suite ces lourdauds avinés : non, il n’est plus temps. Même au sein des autres organisations syndicales, d’habitude solidaires, on ne peut empêcher de laisser poindre une gêne.

François Chérèque a ainsi admis que le système syndical en place dans les ports français n’est « pas tout à fait démocratique« , ce qui est un délicat euphémisme lorsqu’on sait qu’un docker qui aurait l’idée aussi sotte que grenue de ne pas se syndiquer ou de ne pas faire grève aurait tôt fait de retrouver ses rotules pétées par un petit matin frais de février…

Si l’on y ajoute les conditions de « travail » proprement stupéfiantes dont nos amis dockers et grutiers bénéficient, on comprend que le principe du Plus C’est Gros Plus Ça Passe s’applique avec constance et ferveur dans ce « milieu » qu’on va devoir écrire avec une majuscule, en baissant la voix et en regardant par dessus son épaule, des fois que …


La France malade de ses ports

On pourrait lister ici les billets de ce modeste blog dans lesquels je relate les différentes poussées d’urticaire de ces malheureux pauvrets maltraités par un non-travail ingrat et pénible, ça donnerait une longue liste évoquant du sang, de la sueur, du naufrage et de la bonne grosse magouille des familles.

On pourrait aussi parler longuement des frères d’armes locaux de nos nervis encartés qui, à l’instar des non-travailleurs du dock, ne sévissent actuellement pas à bord des bateaux de la SNCM ; un roman n’y suffirait pas, mais là encore, on trouverait les mêmes pratiques de vol, d’extorsion, de violences, de chantage, ou de prise d’otages dont tout fait furieusement penser qu’elles sont pourtant l’apanage d’autres sociétés peu reluisantes.

En fait, tout montre que la CGT Ports & Docks et le Syndicat du Livre CGT se comportent de la même façon et pour les mêmes raisons : les deux branches du syndicat ont établi de véritables fiefs dans leurs domaines respectifs, et ce d’autant plus facilement que la République les aura abandonnés en rase campagne, pour des raisons de connivences idéologiques au départ, de compromission électorale ensuite et enfin pour simplement éviter des problèmes plus graves.

De fil en aiguille s’est constitué une véritable coterie de brigands sûrs de leur force qui n’hésitent absolument pas à mener des actions de plus en plus audacieuses et illégales, et ce d’autant que plus personne n’ose admettre l’évidence : on n’est plus, et loin s’en faut, dans l’action syndicale visant à protéger des salariés, mais bel et bien dans la lutte entre deux modèles, l’un républicain et vaguement assis sur l’état de droit, l’autre clairement basé sur la force, parfois brutale, et l’utilisation régulière de procédés illégaux pudiquement oubliés par une justice commodément aveugle.

Mais ce qui est absolument certains, c’est l’issue, à long terme, des efforts permanents que ces syndicalistes ont fait pour rendre pénible l’accostage dans les ports français : ces derniers périclitent déjà, et avec eux, les emplois dont se nourrissent ces parasites. De la même façon que les imprimeurs de presse disparaissent et avec eux, les fiers abrutis syndicalisés qui s’y attachent, les ports français vont, progressivement, se débarrasser de leur vermine … en faisant faillite.
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