Du débat démocratique dans le Pays Toy.

Voici un nouveau billet du courageux Jérôme Lurie. Notre invité régulier aime la controverse, et les sujets qui fachent ne lui font pas peur. Le ton est très modéré, compte tenu des circonstances. Personnellement je n'aurais pas été "par là" en ces temps trop "nerveux".  Mais je n'ai pas apprécié ce qui est arrivé à Jérôme, donc voici le nouveau billet de Jérôme Lurie dans la rubrique Tribune Libre.

Il est des fonctions dans notre société qui demandent une certaine forme d'abnégation. Celle de Maire est celle qui suscite chez moi le plus d'admiration. Un Maire m’a dit il y a quelques temps, « Il est parfois difficile de se lever tous les matins en se demandant si le soir même on pourra dormir dans son lit ou bien en prison ». On est l'objet de demandes incessantes, pour certaines justifiées, pour d'autres farfelues. Quelquefois on doit gérer la contradiction, faire des choix tout en sachant que quoiqu'il arrive, on ne contentera pas tout le monde. Il faut aussi assumer les conséquences d'actions qui ne sont pas forcément de notre fait mais de notre prédécesseur ou bien celle d'un adjoint dont on ne peut pas se désolidariser. 

Néanmoins, dans les grandes villes, même si les préoccupations peuvent être multiples, on ne connait pas tout le monde, on peut déléguer plus facilement, et on est moins « en première ligne ». Dans nos villages de montagne, il s'agit de gérer quelquefois des budgets dignes de grandes villes de dix mille habitants voire plus, avec une base de population dix fois moins importante. La prise de distance nécessaire pour certaines décisions est compliquée par la proximité avec les électeurs. 

Pour les Maires du canton de Luz, il faut parfois gérer en fonction d'antagonismes familiaux, de différends passés ou de rancœurs ancrées dans des histoires de rivalités ancestrales entre villages. Au cours de discussions avec nombre d'élus locaux, des membres d'associations ou des habitants, entre autres sur la remontée lourde, rares sont celles qui n'ont pas fait intervenir le sujet de ces rivalités bien avant l'argumentation objective sur les questions posées.  

J'ai également été surpris par le nombre de personnes qui m'ont donné des avis souvent mesurés mais parfois durs sur différents choix municipaux, mais qui avouaient ne pouvoir prendre position de peur de pressions ou de représailles. Connaissant l'abnégation de nombres d'élus et leur volonté de bien faire, je pensais que ces craintes étaient exagérées. Malheureusement, et je l'ai appris à mes dépens, il y a des élus qui n'hésitent pas à utiliser leurs fonctions pour agir sournoisement sur leurs administrés par tous les leviers qu'ils ont à leur disposition. 

C'est pourquoi, j'invite tous les citoyens courageux à prendre la parole sur tous les sujets qui nous concernent. Il faut laisser les anciennes rivalités et les intérêts particuliers au vestiaire, et discuter objectivement de notre avenir. Formons nos opinions sur la base de données fiables, qui permettront une étude non partisane des choix à effectuer. Montrons ainsi qu'il est possible de changer les choses. 

Il faut à tout prix faire comprendre que la démocratie n'appartient pas qu'à quelques uns.

 J. LURIE