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Comment enseigner le fait religieux à l’école primaire ?

Publié le 09 février 2011 par Veille-Education

Sophie Pasquet fait le point sur l’enseignement du fait religieux à l’école primaire.
Même si huit français sur dix se disent « croyants », pour les enfants, aujourd’hui, la trinité n’est souvent qu’une station de métro parisien, le ramadan un grand méchoui et le judaïsme, Rabbi Jacob …
En février 2002, le philosophe Régis Debray rendait son rapport sur l’enseignement du fait religieux à l’école. Le gouvernement actuel le reprend à son compte et voudrait mettre en place cette instruction. L’idée phare est qu’à la sortie de la scolarité, les enfants devraient avoir une vue d’ensemble des trois grandes religions en France : le christianisme, l’islam et le judaïsme.
Comment cela se passe-t-il aujourd’hui ?
Tout dépend des instituteurs. En France, l’école publique s’est construite sur des principes de laïcité, c’est-à-dire d’indépendance par rapport à toute religion, très forts. Certains instits n’aiment pas chanter Au Clair de la Lune à cause de « pour l’amour de Dieu » et Noël est avant tout considéré comme une fête de famille.
Cependant dans la plupart des écoles, le fait religieux a déjà fait son entrée : on pratique moins le sport au moment du ramadan parce que certains élèves musulmans le suivent quelques jours, on excuse les enfants juifs absents pour Hanoukka, on raconte l’histoire des Rois mages, les instituteurs parlent des mosquées et des synagogues au moment de la leçon sur l’architecture des cathédrales…
Depuis la rentrée, les programmes de l’école primaire prévoient d’aborder l’histoire des religions au moment des cours d’histoire : l’histoire du pourtour méditerranéen permet de parler de l’islam, l’Antiquité, de la naissance du christianisme…
Une autre idée forte est que cet enseignement ne peut pas être une matière à part entière. Des écoles publiques « pilotes », à Versailles et Strasbourg, mènent des expériences sur l’enseignement de ce fait religieux. Elles feront un rapport en fin d’année.
Ne pas confondre enseignement du fait religieux et catéchisme ou prosélytisme.
Le catéchisme, c’est l’enseignement de la foi. Et le prosélytisme, l’appel à la conversion. L’étude du fait religieux, c’est l’observation des influences des différentes religions sur une société.
Au catéchisme, on apprend que la Vierge Marie est la mère de Dieu ; à l’école, on apprendrait que certaines personnes, les catholiques, pensent que cette Vierge Marie est la mère de Dieu.
On peut aussi apprendre qu’elle a énormément inspiré l’art occidental, qu’il existe même des statues ou des tableaux d’elle attendant un bébé, que l’Eglise a longtemps cachés. C’est de la distance critique.
Il sera préconisé de s’appuyer sur les fêtes religieuses, sur leur côté festif. Par exemple : profiter de la fête juive des Lumières pour l’expliquer, d’abord, et dire aussi combien la lumière est importante dans toutes les religions. Que des bougies brûlent en permanence dans toutes les maisons du Groenland, par exemple, pour tenir compagnie aux esprits…
Ailleurs en Europe
Il n’y a qu’en France qu’est menée cette réflexion sur l’enseignement laïque des religions. En Irlande et en Grèce, le catéchisme est un enseignement obligatoire.
C’est même le cas en Allemagne. D’ailleurs, les écoles de la région Alsace et du département de la Moselle, en France, sont dotées d’un statut scolaire à l’allemande : la religion, c’est-à-dire l’enseignement du christianisme, fait partie de l’enseignement classique. Or, de plus en plus de parents demandent que leurs enfants soient dispensés de ces cours.
Ce qui montre, et c’est important, que la demande de « culture religieuse » n’est pas une demande de « religion ».
Ce sujet de Sophie Pasquet a été diffusé le 20 février 2003.
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