Nicolas Sarkozy à Marrakech, invité par le roi du Maroc, François Fillon en Egypte invité par Moubarak, Alliot-Marie en Tunisie par un protégé de Ben Ali… Cela fait beaucoup. Beaucoup trop. Et au delà de ce qu'il y a de choquant à voir nos dirigeants prendre leurs vacances aux frais de dictateurs, trop heureux de les recevoir, je m'interroge sur le principe même de ces vacances systématiques à l'étranger. Je comprends bien l'intérêt des pyramides, du désert ou de Marrakech, je suis le premier à aimer tout cela, mais des hommes politiques en charge des affaires de l'Etat, dans une situation économique difficile, avec une opinion divisée, qui ne comprend pas toujours leurs décisions (et c'est un euphémisme) ne gagneraient-ils pas à passer leurs vacances en France? Cela leur donnerait l'occasion de rencontrer d'autres Français que leurs collaborateurs, obligés et amis politiques. Et ce serait certainement une bonne chose qu'ils puissent, ne serait-ce qu'une fois ou deux, au détour d'une rencontre dans un restaurant, sur un marché ou une plage, dans l'atmosphère détendue des vacances, entendre une opinion dont les sondages ne donnent qu'une vision abstraite.
Imaginons qu'à l'occasion d'une promenade en montagne, Nicolas Sarkozy ait fait quelques centaines de mètres sur un sentier caillouteux avec un magistrat, n'importe quel magistrat. De quoi auraient-ils parlé? Du temps, du paysage, mais aussi de justice. Et cela aurait sans doute évité à notre Président une de ces sorties populistes qui mettent aujourd'hui toute la magistrature dans la rue. Les politiques plus que quiconque ont besoin de remettre de temps à autre les pieds sur terre. Alors qu'ils nous donnent, en prenant ainsi toutes leurs vacances à l'étranger, le sentiment de fuir, de fuir les Français au nom desquelles ils prennent des décisions.
Ils devraient, pour ce seul motif, s'imposer de prendre quand ils sont aux responsabilités, leurs vacances en France. Ce n'est pas beaucoup leur demander. Après tout, personne n'a jamais été condamné à rester ministre ou Président à vie. Il leur sera toujours temps, une fois quitté le gouvernement, de visiter de fond en comble le Maroc, la Tunisie ou l'Egypte.