Vol régulier

On nous a indiqué que notre Premier ministre avait réglé le déplacement de sa famille vers Tunis au prix d’un vol régulier. Son souci de clarté rencontre ici un premier écueil. De quel prix s’agit-il ? Celui de la classe économique, de la classe affaires ou bien de la première ? Pourquoi a-t-il choisi d’effectuer ce vol sur un avion de la République plutôt que sur celui d’une compagnie aérienne ? Parce qu’il n’y avait plus de places disponibles ? Parce que les horaires ne lui convenaient pas ou bien parce qu’il préférait éviter la promiscuité avec ses concitoyens? Quoi qu’il en soit, il a souhaité bénéficier de la souplesse offerte par une compagnie privée. Donc, afin de ne pas léser la collectivité nationale, il aurait dû payer ce voyage au tarif proposé d’ordinaire par une compagnie privée.

De plus, il est probable que le confort offert par un tel appareil est supérieur à celui dont on peut disposer sur un avion de ligne. Il y a donc là un avantage qu’il convient de payer à sa juste valeur. J’ai d’autre part appris que la présence d’appareils de la flotte disponibles posait parfois problème, notre président, outre son Sarko-van, souhaitant pouvoir demander à tout moment quelque avion pour le transporter, lui et sa cour. Comment donc a-t-il été possible de mobiliser plusieurs jours un appareil de la flotte gouvernementale pour un déplacement en famille tout à fait privé ?

Puisque notre président a maintenant décidé d’agir dans la plus grande transparence, et étant donné que lui et ses ministres ont déjà maintes fois été surpris en flagrant délit de mensonge, je suis persuadé que le Premier ministre ne va pas tarder à nous présenter une facture dûment acquittée pour les frais aériens de ces vacances familiales, avec les noms des voyageurs, membres de la famille et invités éventuels.

Cet aimable dépannage de notre Premier ministre constitue pour chacun d’entre nous une excellente nouvelle. S’il advient jamais que vous soyez un jour à la recherche d’un avion pour un déplacement privé, soyez assuré que la flotte de la République sera toujours à votre disposition pour vous transporter dans les meilleures conditions de confort et de ponctualité et, tout cela, au prix d’une compagnie régulière.

PS : J'apprends, grâce à Médiapart, que François Fillon a défendu sa position en expliquant qu'il n'avait fait qu'appliquer les dispositions s'appliquant aux déplacements privés du Président et du Premier ministre. Soit, ceci réduit donc à néant quelques unes de mes interrogations. Je persiste cependant à demander la production d'une facture acquittée et je me permets une remarque additionnelle. Le Falcon utilisé, ainsi que son équipage et le personnel de sécurité, ont dû séjourner au Caire pendant toute la durée des vacances de ce monsieur. Il s'en est suivi des frais importants supportés par le budget de Matignon. Un père de famille qui se trouve dans une situation financière difficile comprend parfois qu'il lui faut faire des sacrifices et économiser sur les vacances. François Fillon, qui dès 2008 se présentait comme à la tête d'un Etat en faillite, n'a pas cette sagesse. Les économies, c'est bon pour les autres. La République, bonne fille, n'a qu'à payer.