Etre enfant à Gaza

Publié le 24 janvier 2008 par Willy
Etre enfant à Gaza, et vouloir vivre sa vie. Etre un enfant comme tous les enfants du monde, aspirer au bonheur simple de vivre. Tout découvrir, connaître l’amour, construire, petit à petit prendre le relais, et assurer un peu de paix aux parents, qui deviennent les anciens. Un rêve : être un enfant, un enfant du monde, né en Palestine, à Gaza, ou en Israël, à Sderot, de l’autre côté de la frontière. Enfant palestinien, enfant israélien. Ni l’un, ni l’autre n’a rien demandé : la vie leur est donnée en cadeau. Mais, malgré le même soleil et le même air, ces quelques centaines de mètres leur font vite comprendre qu’ils sont de deux mondes. La paix au Proche-Orient, c’est l’évidence, dépasse les frontières du droit. Enjeux internationaux, haute politique et basses manœuvres, sécurité pour toute une région… Comme idéal, le droit est le moyen et l’expression de la paix. Née de la seconde guerre mondiale, la Déclaration universelle des droits de l’homme, du 10 décembre1948, proclame : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ». Rarement, le droit aura mieux exprimé l’idéal. Mais, quand tonnent les armes, le droit se fait tout petit. Il n’y pas qu’en Palestine que les enfants souffrent. Il n’y a pas qu’en Palestine que des enfants naissent, et commencent à payer, dès leur premier souffle, l’ardoise laissée par l’Histoire. Tout ce ceci est bien vrai, mais n’empêche pas un observateur simplement attentif de dire, sans simplifier le débat sur les responsabilités, qu’avec le blocus total imposé à la population de la bade de Gaza, Israël est allé trop loin. Ce 23 janvier, l’écroulement du mur fait de plaques de fer de six mètres de haut, construit par Israël en 2004, entre la bande de Gaza et l’Egypte, les bulldozers palestiniens qui libèrent des chemins vers l’Egypte, cette population qui se rue vers les commerces égyptiens, pour trouver les produits de première nécessité… : ce sont là des scènes rares qui amènent à discuter, une nouvelle fois, les limites de la riposte. Le blocus total imposé par l’Etat hébreux, avec l’arrêt des livraisons de carburant et l'interruption de l’aide humanitaire, tout ce que signifient de telles mesures pour la population, les enfants, les vieillards et les malades, n’est pas justifié par les tirs de roquettes depuis les alentours de Gaza. Hier, c’est le Comité international de la Croix-Rouge qui évoquait pour Gaza la menace d’un «effondrement total». La volonté de retourner la population contre le pouvoir du Hamas ? Tout montre que c’est l’inverse qui est entrain de se jouer. Chacun peut avoir son opinion sur ce qui se passe au Proche-Orient, et l’avocat, l’amateur de droit, n’a pas de légitimité particulière pour s’exprimer sur les causes et les solutions. Et il ne s’agit surtout pas de définir une ligne du bien et du mal. Mais au regard du droit international, et après avoir rappelé le droit de la population d’Israël à vivre dans la sécurité, il est trois choses qu’il peut dire. -   La prise en otage de populations civiles est contraire au droit international ; -   Lorsqu’il existe un territoire, une population et un pouvoir organisé, doit être reconnue l’existence d’un Etat ; -   Le principe d’égalité signifie que toute vie et toute mort se valent, et peu importe que ce soit d’un coté ou de l’autre d’une frontière.

Sans doute, ce ne sont là que des mots. Mais pourquoi l’enfant qui nait aujourd’hui à Gaza serait-il voué à ne jamais connaitre l’Etat de droit ?

Par http://lesactualitesdudroit.blog.20minutes.fr/