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Les prêts étudiants en question

Publié le 10 février 2011 par Mcetv

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Études coûteuses, achat d’un ordinateur ou simple coup de pouce… De nombreux étudiants ont recours à un prêt au cours de leur formation. Loin d’être aussi répandu que dans d’autres pays, s’endetter fait encore peur en France


Les motifs pour contracter un prêt étudiant peuvent être de diverses natures. Un cas de figure revient fréquemment : l’emprunt visant à couvrir des frais de scolarité très élevés. Une année en école de commerce, par exemple, coûte en moyenne 6 000 €. Les étudiants dont les parents ne peuvent pas financer de telles études se tournent vers leur banquier. Comme l’explique Norann, diplômé d’une école de commerce, « c’était une solution facile et simple, mais pas un choix. Il n’y a pas eu de problème puisque mes parents avaient des revenus assez importants pour garantir les paiements. Et les banques avaient l’air plutôt disposé à prêter pour un étudiant entrant en école de commerce ». Après quelques hésitations, le jeune homme a souscrit à deux prêts pour une somme totale de 24 000 € et avec des taux d’intérêt relativement bas, aux alentours de 3 %.

« Mes remboursements représentent 40 % de mon salaire »

 

La première mensualité de remboursement est tombée trois mois après obtention de son diplôme. Mais avec la crise, le jeune diplômé a dû patienter six mois supplémentaires avant de décrocher son premier emploi, « il faut vivre avec pas grand-chose à soi, et j’ai aussi fait appel à la solidarité familiale, mon frère m’a aidé ».

Actuellement, son poste d’assistant de production pour une troupe de théâtre parisienne lui rapporte un peu plus que le Smic, et pour Norann le constat est amer : « je n’ai pas l’impression d’avoir changé de niveau de vie en passant d’étudiant à travailleur. Mes remboursements représentent 40 % de mon salaire ». Des remboursements qu’il devra honorer jusqu’en 2015. Dans ces conditions, et en attendant d’occuper un poste mieux payé, le jeune actif est retourné vivre chez ses parents. « Mes paiements à la banque représentent pour moi une sorte de loyer, mais sans appartement… »


D’après une enquête de la CGE (Conférence des grandes écoles) publiée en octobre 2010, les diplômés de grandes écoles ou de filières réputées riches en débouchés professionnels rencontrent eux aussi des difficultés pour trouver un emploi stable. Difficile alors de rembourser les éventuels crédits. Mais les banques restent en général plus disposées à leur prêter de l’argent. Pour Emmanuel, conseiller clientèle d’une grande banque française, la raison est simple : « une banque tente de gérer au maximum les risques, et elle considérera que l’insertion professionnelle est toujours beaucoup plus aléatoire pour un étudiant en Histoire que pour un étudiant en école de commerce ».

Il rappelle aussi l’existence des « accords-écoles » passés entre les banques et certains établissements de renoms, qui offrent aux élèves des conditions de prêt et toute une série de services très avantageux.

Les alternatives au prêt bancaire « classique »

Lorsqu’on est étudiant en deuxième année de Master, demander de l’argent à sa banque peut devenir le parcours du combattant. Lucile se souvient : « j’avais besoin d’acheter du matériel informatique performant et mon emploi du temps à la fac ne me permettait pas d’avoir un job étudiant ». Souhaitant emprunter la somme de 2 000 €, la jeune femme prend rendez-vous avec son conseiller bancaire « je lui ai expliqué ma situation. Il m’a prévenu que ce serait dur d’obtenir ce prêt, ayant souvent été à découvert. Ma mère n’avait pas de salaire fixe pour se porter garante du remboursement ». Lucile argumente, avance qu’elle a toujours travaillé pendant ses trois années de licence. Sans résultat, « ils ont refusé. J’étais furieuse contre la banque, qui s’est seulement bornée à examiner mes relevés de compte. Mais une fois mon loyer payé, il me restait à peine 200 € pour les dépenses quotidiennes. Et lorsque je décidais de retourner à Marseille où vit toute ma famille, mon budget explosait ». Lucile s’adresse finalement à son université et obtient une bourse temporaire. « J’ai monté un dossier avec justificatifs des revenus de ma mère, les détails de mes dépenses, mes bulletins semestriels. J’ai écrit une lettre de trois pages expliquant ma situation. Grâce à cela, j’ai reçu 900 euros ».

Avec la crise économique et le chômage, qui touche encore près d’un jeune diplômé sur deux en 2010, les banques sont de plus en plus frileuses face aux prêts étudiants. Pour faciliter les obtentions, le Ministère de l’enseignement supérieur a même lancé en 2008 le prêt étudiant garanti par l’État. D’un montant maximal de 15 000 €, ce prêt est ouvert à l’ensemble des étudiants de moins de 28 ans inscrits dans l’enseignement supérieur, sans condition de ressources et sans caution d’un tiers. Cinq banques françaises sont partenaires pour l’instant du projet. Remplaçant les anciens prêts d’honneur à taux zéro, accordés par le Crous, ce système d’emprunt souffre d’un vice majeur, ce sont les banques qui fixent librement les taux d’intérêt. Et elles se réservent aussi le droit de refuser les demandes si elles jugent que le projet professionnel n’est pas assez solide.

Comme Lucile, certains recherchent alors d’autres moyens de financement. Pour les étudiants en situation familiale difficile, il existe les allocations d’études, accordées par les services sociaux du Crous. Enfin, le Fonds de solidarité universitaire délivre aussi des aides d’urgence, après examen de la demande par les assistantes sociales du Crous.

Éléonore Autissier


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