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Médée était un homme

Publié le 11 février 2011 par Lheretique

Olympe me reprochait hier, en commentaires, à la suite du billet que j'ai écrit sur les deux petites jumelles disparues, de choisir Médée comme bouc-émissaire de ces géniteurs qui tuent leur descendance ; elle observait que dans 95% des cas, ce sont les hommes et non les femmes qui commettent l'infanticide. Il y a bien plus d'Atrée et de Pélops que de Médée.

Elle ra raison. Je ne suis pas croyant. J'aimerais l'être, non pour pardonner, mais pour pouvoir souhaiter la damnation à Matthias Schepp. Hélas, je n'ai guère d'illusions, même si j'aimerais, là encore, croire pour pouvoir implorer un miracle. Comment a-t-il pu tuer ses deux adorables petites filles ? J'en suis malade chaque fois que je vois les titres qui s'affichent dans mon reader.

Je crois que c'est pour nous purifier, que les grands dramaturges grecs ont écrit leurs tragédies. Aristote avait raison  : Euripide, Sophocle, Eschyle, leurs oeuvres, en réalité, ont une finalité cathartique. Les histoires terribles dont ils dénouent le fil sont là pour nous montrer le destin qui attend ceux qui vont contre les lois divines. Créon enterre Antigone vivante et refuse une sépulture décente à Polynice, sa fin sera misérable. Nous devons être terrifiés par ce sort funeste afin de ne pas être tenté de les imiter.

J'ai une épouvante qui me saisit à lecture de l'histoire sinistre de Matthias Schepp. Sa famille vient de communiquer pour rappeler qu'il fut, dit-elle, un homme affectueux pour lequel sa famille était tout. Impossible. Impossible, non au sens où des faits pourraient contredire ces affirmations, mais au sens où sa fin et celle qu'il a sans doute réservée à ses deux petites révèlent le fond de sa personnalité. Tuer ses enfants, c'est la marque avant tout d'un égocentrisme monstrueux. C'est croire que sa famille, sa descendance, n'est qu'une émanation de soi, et qu'elle doit donc disparaître avec soi. Matthias Schepp a peut-être été victime d'un trouble mental, mais ce n'est pas suffisant pour expliquer son crime horrible. Il faut un fond culturel, dont il n'est d'ailleurs pas le seul comptable, qui considère l'enfant comme une propriété des parents.

Non, non et non, les parents ne font pas ce qu'ils veulent avec leurs enfants. Ils en sont juste responsables, ce qui est autre chose. Commençons par battre en brèche cette idée répandue, pour, peut-être, contribuer à éviter des drames et des conduites épouvantables. Une fois encore je relève la pertinence du propos de Maria Montessori qui éclaire d'une lumière particulière ces jours sombres : l'adulte a une mission sacrée, celle de veiller à assurer l'atmosphère la plus bienveillante et amicale possible pour son enfant. Il n'a pas un droit imprescriptible de décider de son destin. Je préfère croire que le plan secret de la nature, sorte de miracle immanent, se déroule selon une trajectoire qu'il ne nous appartient pas de contrarier mais au contraire de faciliter.

Dieu, si tu existes, que j'aimerais qu'un miracle se produisît, ou alors, si le pire s'est produit, s'il y a quelque chose après la mort, que tu accueilles Alessia et Livia, d'où qu'elles viennent et où qu'elle soient.


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