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“Paroles de Français”

Publié le 11 février 2011 par Alex75

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Nicolas Sarkozy était donc l’invité, jeudi, de « Paroles de Français », sur TF1, dans la 2e édition de cette émission - animée par Jean-Pierre Pernault -, à savoir un dialogue entre le président de la République et une dizaine d’invités. Il était ainsi question des préoccupations de chacun. Le dialogue direct avec les Français, les questions que se posent nos concitoyens, la simplicité, la proximité, la sincérité. Une idée typique de communicant, qui n’est d’ailleurs pas nouvelle. Giscard, en son temps, a parlé aussi aux Français. On l’a vu jouer de l’accordéon, en maillot de bain sur la plage, prendre son petit-déjeuner avec les éboueurs. En son temps, Mitterrand s'y est essayé aussi. Chirac a parlé plus particulièrement, lui, aux jeunes Français, comme à la veille du référendum de 2005. 

Quand les conseillers du général de Gaulle, lui avaient recommandé de répondre aux questions du journaliste Michel Droit, lors de l’entre-deux-tours des présidentielles en 1965, il avait eu cette réponse célèbre, « vous voulez donc que je paraisse en pyjama ». Depuis lors, cette obsession a été celle, de tous les entourages présidentiels. L’Elysée enferme, sacralise, monarchise ; il faut donc désacraliser, décrisper, autrement dit humaniser le rapport entre le président et les Français. Giscard, Mitterrand, Chirac, en leurs temps, avaient été confrontés à la même équation, qu’ils ont tenté de résoudre, avec plus ou moins de succès. Mais Nicolas Sarkozy doit résoudre lui, une équation exactement inverse. Durant ses quatre années de mandat, Nicolas Sarkozy n’a cessé de s’évertuer à ainsi désacraliser la fonction, jusqu’à un quasi-point de non retour. Et cela, de ses courses à pied, jusqu’au célèbre « casse-toi pauvre con », lancé à un badaud au salon de l’agriculture, en passant par l’étalage des méandres de sa vie privée, dans un va-et-vient incompréhensible digne d’une pièce de Feydeau. Et c’est d’ailleurs en grosse partie, ce qu’on lui reproche. En tout cas, certainement l’électorat le plus âgé, qui avait voté massivement pour lui, en 2007. 

En effet, après avoir ostensiblement fait rouler la couronne à ses pieds, il devient parfois difficile de la replacer sur sa tête, comme l'a analysé justement Thierry Desjardins, dans son pamphlet “Galipettes et cabrioles à l'Elysée“. Il est vrai, qu’on avait eu le sentiment, depuis quelques temps, que Nicolas Sarkozy s’était employé à se re-présidentialiser, faisant de louables efforts, à cet effet. On l'a vu en pélerinage, marcher dans la neige sur le plateau des Glières, recevoir avec dignité les corps de nos soldats morts pour la France, assister aux funérailles des deux otages du Niger, ou présider le G20 à Séoul. Mais voilà, que ses communicants lui re-proposent une rechute. Il s’est retrouvé de nouveau, avec ses Français, qui le houspillent, le brocardent, à portée d’une paire de claques. Pour Nicolas Sarkozy, hier soir, dans cette émission - que je n'ai pas vu -, c'était “soirée pyjama“. Je ne doute pas que Sarkozy ait eu réponse à tout, qu’il ait su dialectiquement bien se tirer de tous les mauvais pas. Il montre sa bonne connaissance, sa parfaite maîtrise de ses dossiers, à chaque fois, et son « intérêt pour les problèmes des Français »… Mais ce n’est pas ce qu’on lui conteste, ou pas directement du moins. 

La question est plutôt, mais que peut-t-il bien dire, à ces invités - contradicteurs, - et devant des millions de téléspectateurs -, qu’ils ne sachent déjà ? Mais que cela apporte-t-il ? Que répondre à un(e) agriculteur/trice, à qui il avait promis de rendre visite, alors que les discussions de la Pac se révèlent, de tout de façon, particulièrement âpres. On ne doute pas que Nicolas Sarkozy est fait une excellente audience, comme il aime à s’en féliciter, même à s’en enorgueillir. Mais dans le fonds, pour quels résultats…  

   J. D. 


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